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Réflexion

Retour de la pensée sur elle-même dans le but d'examiner plus en profondeur une idée, une situation ou un problème.

La Déclaration d'indépendance des États-Unis



27 juillet 2005


La Déclaration unanime des treize États unis d'Amérique réunis en Congrès le 4 juillet 1776. Elle fut signée par 55 commons.

La « Déclaration unanime des treize États-Unis d'Amérique » est l'aboutissement des trois résolutions soumises par Richard Henry Lee au congrès continental le 7 juin 1776. Rédigée par Thomas Jefferson avec la collaboration de John Adams, Benjamin Franklin, Robert R. Livingston et Roger Sherman, son but premier est de démontrer au monde entier les raisons ayant nécessité une telle déclaration.

En exposant dans cette dernière une liste de vingt-sept griefs, les rédacteurs légitiment ainsi leur libération d'une « tyrannie absolue ». Ce document de même que les événements qui l'ont précédé et suivi, occupent une place très importante dans l'histoire puisque les États-Unis constituent la première colonie auto-libérée et la première république moderne fondée sur des principes démocratiques. La Déclaration d'indépendance et la Constitution ultérieure démontrent donc le souci d'établir une nation sur les valeurs que sont la liberté, l'égalité et la propriété individuelle (que Jefferson a remplacé par la « poursuite du bonheur »).

Voici en entrée de jeu, l'exposé des événements historiques ayant mené à la Déclaration. Tout d'abord, plusieurs lois votées par le Parlement britannique engendrent du mécontentement dans les colonies et attisent par le fait même l'idée d'indépendance. En 1663, l'Acte de Navigation interdit aux étrangers de commercer directement avec les colonies et tout le trafic doit passer par la métropole. Quant à la proclamation royale de 1763, elle empêche le développement territorial des colonies en réservant aux Amérindiens le territoire au-delà des Appalaches. D'autres lois viennent aussi renforcer le contrôle britannique : l'Acte sur la Monnaie, la Loi de Finances, l'Acte sur le Sucre, l'Acte sur le stationnement des troupes et l'Acte du Timbre. Ce dernier acte est sévèrement critiqué par les colons puisqu'il touche à plusieurs domaines de la vie quotidienne.

En dépit des protestations dans les colonies, le Parlement vote en 1766 le « Declaratory Act » qui lui donne tout le pouvoir de légiférer sur ces dernières. La décennie tumultueuse qui suit est marquée par des révoltes, dont le massacre de Boston en 1770 et le « Boston tea party » en 1773, et quelques batailles célèbres comme celles de Lexington et de Concord en 1775. La Déclaration d'indépendance est proclamée le 4 juillet 1776, cependant elle n'est officialisée qu'en 1783 par « La Paix de Paris ».

Pour faire suite, le classement thématique des griefs présente un certain intérêt. Rappelons qu'ils sont précédés par un préambule concis et une philosophie politique générale énonçant certains des principes fondateurs de la nouvelle république. Plusieurs griefs sont d'ordre législatif, ceux-là qui dénoncent les lois instaurées ou abrogées par le Parlement britannique et les mesures prises envers des chambres d'assemblées.

D'autres dénoncent la politique militaire de la mère patrie, entre autres le maintien des armées en temps de paix, l'utilisation de mercenaires et le cantonnement de troupes étrangères. Sous le thème juridique, d'autres griefs réprimandent l'imposition de taxes sans le consentement des colonies et l'impossibilité de faire appel à un jury lors d'un procès.

Enfin, un examen plus approfondi de certains griefs m'apparaît pertinent pour la compréhension générale du document. L'un d'eux est ainsi énoncé dans la Déclaration : « […] leurs prétendus actes de législation qui : — étouffent notre commerce avec toutes les parties du monde; » Ce grief fait référence à l'Acte de Navigation qui empêche les colonies de faire du commerce avec tout autre nation exceptée l'Angleterre. Voté en 1663 et renforcé en 1763 par les autorités métropolitaines, cet acte vient augmenter, d'une part le nombre de douaniers dans les ports coloniaux afin de prélever toutes les taxes sur les rives des colonies et d'autre part, le nombre de patrouilles maritimes pour décourager la contrebande.

Un second grief stipule : « […] leurs prétendus actes de législation qui : — abolissent le libre système des lois anglaises dans une province voisine, établissant un gouvernement arbitraire, repoussant les frontières de ladite province de façon à en faire un exemple aussi bien qu'un instrument destiné à introduire dans nos colonies le même régime despotique; » Cette plainte sous-entend l'implantation de l'Acte de Québec qui suscite, sous plusieurs aspects, le mécontentement des colons anglais puisque cet acte élargit les frontières du territoire connu sous le nom de province de Québec jusqu'à la rivière Ohio vers le sud et jusqu'au Mississippi vers l'ouest.

Les colons réagissent vivement du fait aussi que l'Angleterre y reconnaît la liberté religieuse aux Canadiens français catholiques habitant ce territoire. Finalement, relevons comme dernier grief : « Il a provoqué des révoltes intestines et tâché de soulever contre les habitants de nos frontières les sauvages et impitoyables Indiens dont la règle de guerre bien connue est de détruire sans distinction les êtres de tous âges, sexes et condition. » Par la proclamation royale de 1763 interdisant tout établissement de colons anglais à l'ouest des Appalaches, les Britanniques achètent d'une certaine façon la loyauté des Amérindiens envers la couronne en leur réservant ce territoire et par le fait même, leur appui lors de conflits armés avec les colons.

Ainsi, la lecture de ce texte nous fournit, à la fois une meilleure perception de la tension régnant entre les colonies et leur mère patrie de même qu'une vision des insurgés, permettant de mieux comprendre les enjeux et de les situer dans leur cadre temporel. Par contre, ce document ne nous apporte pas la contrepartie britannique et fait en sorte que la Déclaration ne peut être uniquement le seul regard dans une objectivité historique.

BIBLIOGRAPHIE


Becker, Carl Lotus. La déclaration d'indépendance : contribution à l'histoire des idées politiques. Paris, Éditions Seghers, 1967, 281 pages. traduction de l'anglais (1922), (Coll. « Vent d'Ouest »).

Bourdon, Yves et Jean Lamarre. Histoire des États-Unis. Mythes et réalités. Laval, Beauchemin, 1996. 269 pages.

Kaspi, André. Les Américains. Paris, Seuil, 1986. 2 volumes.

Vincent, Bernard, dir. Histoire des États-Unis. Paris, Flammarion, 2001, 496 pages. (Coll. « Champs »).

Zinn, Howard. Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours. Marseille, Agone ; Montréal, Lux, 2002 [1980]. 811 pages.

En quelques mots, qu'est-ce que l'histoire ?



26 juillet 2005


« La tâche de l'historien consiste à « comprendre le présent par le passé » et corrélativement de « comprendre le passé par le présent ». Marc Bloch, Apologie pour l'histoire ou métier d'historien

Contrairement à une conception répandue, le passé n'est pas à proprement parler l'objet d'étude de l'histoire qui est plutôt, plus précisément et en paraphrasant Marc Bloch, celui « des hommes dans le temps ». Par nature, l'histoire est aussi recherche et elle implique donc un choix. Face à la réalité humaine, à la fois immense et confuse, et parmi la quantité de faits en sa possession, il est manifeste que l'historien se doit de trier et de choisir avant d'entamer une analyse approfondie et la sélection à entreprendre se distingue de celle qu'opérerait, par exemple, le spécialiste des sciences naturelles.

« L'histoire permet de comprendre d'où nous venons, ce qui s'est passé pour nous amener là où nous sommes, et éclaire les situations dans lesquelles nous nous trouvons. L'histoire ne donne pas de leçons, ni ne prédit l'avenir, mais elle en éclaire les choix. »

Martine Fournier, « L'historien au travail. Entretien avec Jacques Le Goff. « dans Jean-Claude Ruano-Borbalan, dir. L'histoire aujourd'hui : Nouveaux objets de recherche, courants et débats, le métiers d'historien (Paris, Éditions Sciences humaines, 1999, p. 399)

Magnolia



25 juillet 2005




Film : Magnolia

Réalisateur : Paul Thomas Anderson

En nomination pour 3 Oscar et récipiendaire d'un Golden Globe


L'Amérique, telle que vue par P.T. Anderson, est la réplique assez juste et conforme d'une réalité. Son film, Magnolia, m'apparaît être comme un instantané de notre époque puisque, à travers une mosaïque de destins, l'auteur nous brosse le tableau d'un monde où les conditions de vie et les problèmes ressemblent à ceux auxquels est confrontée la société d'aujourd'hui.

De prime abord, malgré le fait que plusieurs soient issus d'un milieu aisé, tous les protagonistes sont aux prises avec de multiples problèmes familiaux. Riches et pauvres se rejoignent dans les difficultés à surmonter et sont confrontés avec leur passé. En regardant le monde qui nous entoure, tout comme pour celui du film, nous pouvons formuler l'hypothèse que les vices ou les travers d'une société sont contagieux. Ainsi en est-il de ces vies abîmées, celles d'enfants victimes des dérèglements de leurs relations parentales, comme le manque d'amour, l'absence de communication ou les attentes démesurées des parents.

Frank T.J. Mackey, profondément névrosé, adopte des comportements infantiles, une conséquence de troubles psychologiques survenus dans son enfance, abandonné qu'il fut par un père adultère et seul responsable d'une mère malade. Claudia Wilson Gator, une cocaïnomane complètement paumée, se prostitue pour subvenir à ses besoins et on présume qu'elle cherche à oublier des gestes posés par son père dans sa jeunesse. Il faut aussi souligner le comportement pathétique de Donnie Smith, cet ex-enfant surdoué, devenu un adulte désadapté.



Ainsi, les drames personnels vécus dans Magnolia viennent démontrer l'importance de la relation parent/enfant et l'impact de ses carences sur le développement humain. Les Donnie, Frank ou Claudia du film, ont échoué dans leur passage au monde adulte, n'ayant pu compter sur un sain développement dans leur enfance. Même s'ils ont grandi et se sont frayé un chemin du mieux qu'ils le pouvaient, ils demeurent à l'image d'un arbre dépourvu de racines. La détresse des enfants est aussi présente dans notre société et, devant l'éclatement des familles que notre époque connaît, le phénomène va en s'accentuant. Les adultes de demain connaîtront peut-être alors le même désarroi que les personnages de P.T. Anderson.

Dans un second temps, ce long métrage s'inscrit dans la modernité par la recherche d'une identité, une quête commune à la plupart des protagonistes que l'auteur met en scène. Il en va ainsi pour Jim Kuring, un policier cherchant l'amour et une petite vie tranquille, pour Doonie Smith, un surdoué à qui on a volé son enfance ou encore pour Frank, un conférencier fier de son ouvrage intitulé « Séduire et détruire ». Même s'ils mènent des vies fort différentes, le dénominateur commun des personnages demeure ce sentiment de regret et de culpabilité. Avec les masques derrière lesquels ils se cachent et leur passé qui les empêche de s'épanouir, tous ces ratés de Magnolia sont en quelque sorte à la recherche, dans leur existence, du chemin de la grâce.


Cette crise d'identité que nous ressentons parfaitement dans l'œuvre d'Anderson, est à l'image de celle au cœur des préoccupations des gens de ce 21e siècle et les personnages de Magnolia, même s'ils sont quelque peu caricaturés, font référence à une réalité toute contemporaine. Des existences déchirées, des enfances bafouées, des rêves absurdes, ce sont là des situations bien présentes dans la société qui est la nôtre.



En conclusion, à travers des relations insolites et par les thèmes qu'on y aborde, le film Magnolia nous introduit au cœur d'une tragédie moderne dans laquelle les images sordides de la réalité sont entrecoupées d'envolées lyriques de demande d'amour.

La liberté



19 juillet 2005




Principe indivisible pour d'aucuns et indémontrable pour d'autres, la liberté connaît ses défenseurs mais aussi ses oppresseurs. À l'image de la longue marche de l'humanité, elle ne peut se définir qu'en des termes nuancés et il en va de même de son corollaire, soit l'affirmation que l'homme est libre.

Seule l'espèce humaine possède la capacité de dire « moi, je » et de penser à demain, un pouvoir que ne semble partager aucune autre espèce. L'homme, doté de réflexion, est sujet, conscient de lui-même, de ses pensées et de ses actes. Lui seul donc peut être libre. Premier droit qui le caractérise, la liberté est ainsi une invention humaine, mais n'en fait pas moins partie de la réalité que l'homme construit depuis qu'il a conscience d'être.

« La liberté n'est pas partie de mon patrimoine génétique. Invention des hommes comme le langage, la liberté s'apprend d'autres hommes qui en connaissent le prix et qui en donnent le goût. Comme l'égalité. Car les humains sont « naturellement » inégaux, mais ils ont inventé l'égalité. » [1]

Ainsi, la liberté ne peut être définie que par référence à la construction de chacun par lui-même avec l'aide des autres. Elle est sans rapport avec le caprice, c'est-à-dire la possibilité de faire n'importe quoi simplement parce qu'on en a envie. Ce n'est pas non plus un exercice solitaire puisque la liberté commence où commence aussi celle de l'autre, contrairement à cette croyance répandue voulant que la liberté de l'un s'arrête où commence celle de l'autre. Il faut être au moins deux pour être libre, plus exactement pour mettre en place des règles de vie en commun satisfaisantes pour chacun. Cependant, la liberté n'évacue pas la contrainte acceptée, tout comme la grammaire, la contrainte du langage, qui est le prix de la parole libre.

On juge souvent la liberté d'après l'état de l'humanité au lieu de juger l'humanité d'après la liberté. Il s'agit là d'une erreur car le monde progresse quand il s'efforce d'être conforme à ce qu'il n'est pas mais qu'il pourrait devenir, et non quand il est banalement conforme à ce qu'il est.

« Proclamés, déclarés solennellement, réaffirmés, les droits de l'homme ont été maintes fois violés et écrasés, maintes fois trahis, mais restent, envers et contre tout, le moteur d'un modèle de société (…) » [2]

Un long cheminement de réflexions philosophiques qui remonte à l'Antiquité mène plus tard l'humanité à la codification de ses droits, le texte fondateur étant la Grande Charte d'Angleterre de 1215. C'est ainsi que la liberté devient un droit inaliénable dans la Déclaration d'Indépendance des États-Unis de 1776, et un droit naturel et sacré de par la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen proclamée à Versailles le 26 août 1789, l'article un étant : les hommes naissent libres et égaux en droit. La voix de détracteurs de même que l'exploitation de l'homme par l'homme, notamment lors de l'expansion du capitalisme et des conquêtes coloniales, montrent la limite des droits individuels de l'homme.

Il faudra attendre 1948 et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme pour que droits individuels et droits collectifs soient proclamés en même temps et sur un même plan, au bénéfice de l'humanité dans son entier. Quant à son prolongement, soit le Pacte de 1966, en engageant directement les États, il garantit notamment le droit à la vie, à la liberté et interdit les tortures; il reconnaît également les libertés de conscience, de pensée et de circulation.

Il ne suffit pas de poser le principe du droit à la liberté, encore faut-il se donner les moyens de le mettre en œuvre pour passer d'un plan virtuel à un stade effectif. Suite à cette considération se pose alors la question, à savoir l'humain est-il libre.

« Il y a une seule chose, je ne sais pourquoi, que les hommes n'ont pas la force de désirer : c'est la liberté, bien si grand et si doux (…) Les hommes la dédaignent, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient; comme s'ils refusaient de faire cette précieuse acquisition, parce qu'elle est trop aisée. » [3]

La liberté ne se donne pas, elle se prend. Il faut donc, pour être libre, oser l'être, en prenant la liberté d'être libre. Savoir dire non, c'est prouver sa liberté car la force du refus permet la reconquête de soi. L'homme a ainsi le droit de se prétendre libre en dépit de l'illusion d'être déterminé sur le plan social et psychologique. Sa dotation génétique, son milieu et les influences qui agissent sur lui, ne sont pas les causes qui le font agir mais plutôt des incitations qui le poussent à choisir.

Cependant, l'individu moderne se soumet à un grand nombre de conformités qui refoulent et atrophient sa conscience. Il a acquis sa liberté en se coupant des anciens horizons moraux. Dans la modernité, apparaissent alors les abus et les formes déviantes d'une trop grande liberté qui incite à toutes les libertés, sans nuance, sans aucune obligation. La valeur fondamentale personnelle aussi bien que collective qu'est la liberté semble souvent éliminer les autres valeurs humaines de respect, de justice, d'éthique, d'autorité ou de responsabilité.

« Si le meilleur ne peut jamais être définitivement assuré, alors ni le déclin ni la futilité ne sont inévitables. La nature d'une société libre repose sur le fait qu'elle sera toujours le théâtre d'un conflit entre les formes élevées et les formes basses de la liberté. On ne peut abolir ni l'une ni l'autre, mais on peut en déplacer la ligne de partage, non pas définitivement mais, en tout cas, pour quelques individus, pour quelque temps, dans un sens ou dans l'autre. » [4]

Ainsi donc, la liberté n'est jamais définitivement acquise et il faut en permanence la définir, la mettre en place et l'adapter aux conditions d'un monde changeant. Si la conscience créatrice de l'humanité a su exprimer la hiérarchie de ses droits, il lui faut également agir de même pour ses valeurs et ses devoirs, sinon que peut signifier la liberté aux quatre cinquièmes des hommes de ce monde qui en sont encore à lutter pour un minimum de patrimoine matériel!

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[1] Albert Jacquard, L'avenir d'un monde fini; jalons pour une éthique du développement durable, colloque 1990 Université de Montréal, Montréal, Fides, Collection des Cahiers de recherche éthique 15, 1991, p. 128.

[2] Jean-Jacques Gandini, Les Droits de l'Homme : Anthologie proposée, Paris, EJL, Collection Librio, 1998, p. 5.

[3] Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, Paris, Flammarion, Collection GF Texte intégral, 1983, p. 184.

[4] Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité, Montréal, Bellarmin, collection l'Essentiel, 1992, p. 98-99.


BIBLIOGRAPHIE


De la Boétie, Étienne. Discours de la servitude volontaire. Paris, Flammarion, Collection GF Texte intégral, 1983.

Gandini, Jean-Jacques. Les Droits de l'Homme Anthologie proposée. Paris, éd. EJL, Collection Librio, 1998.

Jacquard, Albert. L'avenir d'un monde fini ; jalons pour une éthique du développement durable, colloque 1990 Université de Montréal. Montréal, Fides, Collection des Cahiers de recherche éthique 15, 1991.

Taylor, Charles. Grandeur et misère de la modernité. Montréal, Bellarmin, collection l'Essentiel, 1992.


Des films qui méritent d'être vus



18 juillet 2005


2005 - 2001

Big Fish (2003) Mystic River (2003) Donnie Darko (2001) Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001) Mulholland Dr. (2001)

2000 - 1996

Memento (2000) Requiem for a Dream (2000) American Beauty (1999) Fight Club (1999) Magnolia (1999)

1995 - 1991

Se7en (1995) Twelve Monkeys (1995) Forrest Gump (1994) Pulp Fiction (1994) Twin Peaks (1990-1992)

1990 - 1986

Die Hard (1988) Rain Man (1988) Full Metal Jacket (1987) Blue Velvet (1986) Platoon (1986)

1985 - 1981

Scarface (1983) Gandhi (1982) Raiders of the Lost Ark (1981) The Shining (1980)

1980 - 1976

The Elephant Man (1980) Apocalypse Now (1979) The Deer Hunter (1978) Eraserhead (1977)

1975 - 1971

One Flew Over the Cuckoo's Nest (1975) Chinatown (1974) A Clockwork Orange (1971)

La mémoire



17 juillet 2005


« Memory can change the shape of a room; it can change the color of a car. And memories can be distorted. They're just an interpretation, they're not a record, and they're irrelevant if you have the facts. » « Some memories are best forgotten. » Leonard Shelby (Guy Pearce), personnage du film mémento




La mémoire, qui suppose la présence de l'absence, est station de correspondance entre passé et présent. Selon le philosophe Paul Ricoeur, en premier lieu, se pose la question de sa formulation, celle d'une représentation de ce qui a été et donc obligatoirement subjective. La mémoire donne la trace présente de ce qui est absent puisque passé. Cela pose alors le problème de la frontière entre le réel et l'imaginaire, car le rapport avec l'antériorité amène la question de ses représentations.

Le film mémento de Christopher Nolan met en scène un homme qui, à la suite d'un accident, ne peut plus se construire une mémoire (c'est-à-dire qu'il n'a plus de mémoire à court terme). Si la mémoire est subjective, elle permet tout de même à l'être humain de se construire une existence. Deux personnes qui vivent le même événement n'en auront pas le même souvenir. C'est la mémoire (la présence de l'absence) qui nous permet d'emmagasiner des souvenirs. Que sommes-nous sans notre mémoire ?

21 grammes



14 juillet 2005


« On dit que nous perdons tous 21 grammes au moment précis de notre mort... Le poids de cinq pièces de monnaie. Le poids d'une barre de chocolat. Le poids d'un colibri. 21 grammes. Est-ce le poids de notre âme ? Est-ce le poids de la vie ? » Citation du film 21 grammes (2003) réalisé par Alejandro González Iñárritu




How much does life weight ?

Ou bien pour reprendre dans la langue de Molière : À notre mort, que va t-il rester de nous ? Uniquement ce petit 21 grammes ?

Bien que je ne crois pas à la vie après la mort, il n'en demeure pas moins que je me demande ce qui va rester de moi et de mon passage sur cette Terre après ma mort.

Le terrorisme



13 juillet 2005


Après l'explosion de joie de mardi, c'est la désolation pour les Britanniques. Londres fait maintenant partie des victimes des attaques terroristes revendiquées par Al-Qaeda.



Dans cet article, je vous propose de lire un texte de Pierre Conesa, Haut-fonctionnaire à Paris et l'auteur des ouvrages Dommages collatéraux et Guide du Paradis. Cet article paru dans Le monde diplomatique traite des attentats-suicides, soit une catégorie d'acte terroriste comme ceux survenus le 11 septembre 2001 à New-York.


Sri Lanka, Irak, Tchétchénie, Israël...
Aux origines des attentats-suicides

Le monde diplomatique
http://www.monde-diplomatique.fr

Un rapport récent du département d'État américain indique que le nombre d'attentats terroristes en 2003 a atteint son plus bas niveau depuis 1969 : 190, soit 8 de moins qu'en 2002 et 45% de moins qu'en 2001; le nombre de morts est tombé à 307, contre 725 en 2002. Signe d'échec des autres formes de terrorisme, les attentats-suicides sont aussi l'expression de situations locales de guerre et d'oppression.


« Nous n'avons que cette option. Nous n'avons pas de bombes, de chars, de missiles, d'avions, d'hélicoptères », déclarait, le 21 août 2001, au journal ABC, le cheikh Abdallah Sahmi, dirigeant du Djihad islamique dans la bande de Gaza, pour expliquer les attentats-suicides. Mais cette déclaration de guerre asymétrique explique-t-elle, malgré la baisse du nombre d'attentats terroristes, la multiplication des attentats-suicides ? Ce n'est pas certain. Le kamikaze est devenu en quelques années la bombe intelligente et bon marché du terrorisme de nouvelle génération, produit d'une idéologie et d'une technique de préparation facilement transposable et exportable.

L'attentat-suicide constitue un acte opérationnel violent indifférent aux victimes civiles, dont la réussite est largement conditionnée par la mort du ou des terroristes. Pour comprendre la nouveauté du phénomène, il faut exclure la référence aux kamikazes japonais, qui se voulaient des combattants s'attaquant à des objectifs militaires. L'originalité du phénomène actuel tient plutôt à l'exacerbation du comportement sacrificiel dans des contextes de plus en plus mythifiés.

À ce jour, plus de trente-quatre pays ou zones de crise [1] ont connu des attaques-suicides. Quarante-deux ont été visés par des attentats contre leurs intérêts à l'étranger [2]. D'un rythme moyen de seize attaques par an entre 1982, date d'apparition de ce type d'action, et avril 2000, on est passé, depuis, à trente-neuf par an.

L'attentat-suicide était originellement conçu comme méthode de guerre contre l'occupant israélien puis « onusien » au Liban en 1982 [3], au Sri Lanka en 1987, en Palestine en 1994 après la tuerie de la mosquée d'Hébron, en Turquie en 1995, au Cachemire en juillet 1999, en Tchétchénie en 2000, pour s'étendre en Russie en 2002 et en Irak en 2003. Il devient méthode terroriste « indirecte » contre les États-Unis au Kenya et en Tanzanie en 2001, contre la France au Pakistan, contre l'Australie en Indonésie en 2002, et au Maghreb en avril et en mai 2002. Il constitue une méthode de guerre civile ou interreligieuse en Arabie saoudite ou au Pakistan depuis des années et en Irak depuis 2003. Il peut même être utilisé pour exécuter des « contrats » comme l'assassinat du commandant Massoud. Il s'est mondialisé : l'attentat du World Trade Center a associé des kamikazes de six nationalités (plus d'une quinzaine avec la logistique), et les 3 052 victimes sont d'une centaine de nationalités différentes.

Les cibles visées sont devenues d'une incroyable hétérogénéité : des bureaux de l'ONU, des touristes dans des hôtels (Mombasa au Kenya) ou des night-clubs (Bali), des synagogues (Buenos Aires ou Djerba), un compound peuplé de Moyen-Orientaux (en Arabie saoudite), une banque (à Istanbul), un navire de guerre (USS Cole), un pétrolier (Limbourg)... Et surtout un incroyable nombre de victimes « collatérales ».

Un procédé mimétique

Le lieu géographique de l'attentat s'est étendu du territoire de l'ennemi militaire (Israël ou Sri Lanka) à celui d'un régime honni (États-Unis) ou à des pays musulmans (Tunisie, Maroc), voire islamistes (comme le gouvernement turc actuel ou l'Arabie saoudite).

Le phénomène est très largement d'origine musulmane mais pas seulement. Depuis le 9 juillet 1987, avec un attentat qui tua quarante soldats sri-lankais, les Tigres tamouls [4], hindouistes, ont perfectionné la technique copiée du Hezbollah chiite libanais. Ils sont crédités de près de deux cents attentats-suicides, soit bien plus que les Palestiniens. Le Parti des travailleurs kurdes (PKK), pourtant laïque et léniniste, y a recouru dans des périodes d'affaiblissement militaire pour remobiliser ses troupes. Le procédé est mimétique autant que religieux. Il s'est passé plus de dix ans entre les attaques-suicides du Hezbollah libanais (1982) et les premiers kamikazes palestiniens (1994) après un détour par le Sri Lanka.

Quant à la personnalité du candidat au suicide, elle n'est pas toujours celle du jeune exalté, influençable, voire drogué, et issu d'un milieu défavorisé. Les auteurs des attaques du 11 septembre 2001 étaient diplômés, issus des classes moyennes, sans histoires ni passé militant. La motivation personnelle peut expliquer quelques cas comme celui de Hanadi Tayssir Djaradat, la jeune avocate palestinienne qui voulut venger son frère et son fiancé, à Jénine en octobre 2003; mais elle n'est pas présente dans le profil de kamikazes venus de madrasas pakistanaises pour commettre des attentats-suicides au Cachemire [5]. Elle l'est encore moins chez les islamistes indonésiens choisissant de tuer des touristes australiens à Bali.

La multiplication de ce type d'attentats a d'abord son explication dans l'échec des autres formes terroristes. Entre 2000 et 2002, les attaques-suicides ont représenté 1% des attentats palestiniens, mais fait 44% des victimes. Israël en a connu cinquante-neuf en 2002, presque autant que durant les huit années précédentes (soixante-deux). Mais bien que le kamikaze représente la forme la plus « efficace » de la bombe terroriste, apte à choisir le meilleur moment et le meilleur endroit, sa valeur militaire n'est pas toujours évidente.

L'attentat-suicide ne nécessite pas de plan d'évasion. En cas d'échec, le terroriste accepte parfois de se suicider, comme le font les Tamouls, dotés d'une pilule de cyanure. Il entraîne quatre fois plus de victimes que les attaques terroristes classiques, selon une étude de la Rand Corporation [6]. Enfin, il permet de frapper directement dans les endroits les plus sensibles du territoire de l'adversaire : New York, Washington, Tel-Aviv, Moscou, et contre des personnalités inaccessibles comme des premiers ministres ou des présidents.

Le coût d'organisation est faible, environ 150 dollars, selon les calculs israéliens. Le rapport coût d'organisation/dommages des attaques du 11 septembre 2001 se révèle impressionnant puisque, pour une dépense de moins de 1 million de dollars, les pertes économiques totales pour les États-Unis sont estimées à 40 milliards de dollars.

On est passé en quelques années de l'acte mené par un seul terroriste à des attentats de groupe : onze au Maroc, dix-neuf lors des attaques du 11 septembre 2001, et quatorze kamikazes tamouls pour attaquer la base aérienne militaire de Colombo le 24 juillet 2001.

C'est progressivement devenu une technique terroriste d'une effroyable banalité. On peut en distinguer deux types : ceux qui sont liés à des crises de longue durée; et ceux qui sont liés à un ennemi globalisé (l'Occident, le juif…).

Le premier type s'est répandu dans des zones de crise, en réponse à des contextes politiques et culturels similaires, fruit d'un passé douloureux sur plusieurs générations comme en Palestine, au Sri Lanka, au Cachemire et en Tchétchénie : les Tchétchènes déportés par Staline pour collaboration, les Palestiniens victimes du « désastre [7] » ou les Tamouls en partie déportés par les Britanniques sur les plantations, apatrides à l'indépendance, naturalisés cinghalais puis partiellement « renationalisés » indiens. Le kamikaze est un enfant de la deuxième ou troisième génération après le drame originel, c'est-à-dire celles qui ne comprennent pas pourquoi un espoir n'apparaît pas.

La culture de la violence et de la mort est très prégnante. La construction de la figure du martyr, qui supplante progressivement celle du combattant, est essentielle pour préparer le terrain. L'ambiance mortifère, entretenue par la violence des troupes occupantes et par la glorification des résistants, prépare au sacrifice suprême, supposé préférable à la vie ici-bas.

L'étude faite par M. Eyad Sarraj, psychiatre palestinien fondateur du Gaza Community Mental Health Programme [8], présente des conclusions atterrantes. Un quart des jeunes de Gaza aspirent à mourir en martyrs, certains refusent d'aller à l'école, craignant de ne pas retrouver leurs parents, arrêtés ou tués, et de voir leur maison détruite. « Dans la première Intifada, le danger était limité aux endroits où s'affrontaient les soldats et les lanceurs de pierres, explique-t-il [9]. Aujourd'hui, la mort vient du ciel. N'importe qui peut être touché n'importe quand. Cela crée un état de panique chronique. » Certains, qui ont vu leur père ou leur frère humiliés, préfèrent dans leurs jeux incarner le soldat israélien.

« Rationalité délirante », dit Jacques Semelin à propos des processus génocidaires [10], mais rationalité quand même. Le suicide de vengeance apparaît altruiste, selon la classification d'Emile Durkheim. Le kamikaze fait don de sa vie pour une collectivité identifiée, politiquement structurée selon un ordre ethnonationaliste, revendiquant un territoire. Le recrutement se trouve facilité par l'impression de déserter des jeunes élites diplômées en train de « réussir » à quitter le territoire de violence et de souffrance et qui brutalement reviennent se sacrifier [11]. L'objectif final de la lutte appartient au champ politique, même s'il recèle une justification religieuse.

Même si le kamikaze s'est isolé dans la phase de préparation de l'attentat, il s'adresse à sa famille, ce qui ne fut pas le cas des auteurs des attentats du 11 septembre 2001. « Je veux venger le sang des Palestiniens, particulièrement le sang des femmes, des vieux et des enfants. Et plus particulièrement celui du bébé Himam Hejjo, dont la mort m'a choqué jusqu'au fond du cœur… Je dédie mon acte d'humilité aux fidèles de l'islam qui admirent les martyrs et œuvrent pour leur cause », a expliqué Mahmoud Ahmed Marmash (attentat-suicide de Netanya, mai 2001).

Le sentiment d'impasse totale naît après plusieurs phases de négociation sans issue ou considérées comme trompeuses. Les premiers attentats du Hamas apparaissent en Israël après le processus d'Oslo, qu'il entend faire capoter, après la reprise de la colonisation israélienne sur des terres qui devaient normalement revenir aux Palestiniens, et ont pour facteur déclenchant le massacre à la mosquée d'Hébron, en février 1994, d'une trentaine de fidèles par le colon Baruch Goldstein. La crise des représentations politiques traditionnelles, qu'elles soient claniques (Tchétchénie) ou partisanes – l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ou le Front de libération du Cachemire [12] –, est fréquente. Plus largement, l'incapacité des élites en place à changer l'ordre du monde souillé ici-bas pousse à choisir une solution purifiée par le martyre. La rivalité entre partis ou groupes traditionnels (comme entre Palestiniens ou entre Tamouls) décrédibilise encore plus les partis traditionnels. Le LTTE a ainsi éliminé physiquement les membres de l'Organisation de libération de l'Eelam tamoul (TELO) en 1985, puis ceux du Front de libération révolutionnaire populaire de l'Eelam (EPLRF) en 1986-1987, deux formations rivales.

L'utilisation de l'attentat-suicide témoigne aussi d'une vie sans issue. La légitimité religieuse ou sacrificielle est alors vécue comme supérieure à la légitimité patriarcale. « Le Coran contre le Père », le wahhabisme contre les confréries soufies, fait remarquer la spécialiste Pénélope Larzillière. La religion y est un facteur favorable, mais une ambiance sacrificielle de mort peut suffire.

Les femmes occupent une place croissante chez les Palestiniens, dans le PPS syrien, qui fit participer cinq femmes à douze attaques-suicides, ou dans le LTTE, qui a constitué sa brigade de femmes volontaires, les Tigres noirs. Un viol par les soldats d'occupation déclenche parfois la décision de la jeune femme, doublement déshonorée par l'occupant et par rapport à sa société. La motivation personnelle semble un étrange mélange de résistance à l'occupation et de réaction contre le machisme de la société locale [13]. Wafa Idriss, première femme kamikaze palestinienne, répudiée par son mari pour cause de stérilité, n'a trouvé comme moyen pour laver l'infamie que le sacrifice suprême apte à renverser l'ordre social. Cas non isolé, comme le montrent les exemples d'Ahlam Araf Tamimi, auteure d'un attentat le 9 août 2001, et de la Tamoule Dhanui, qui assassina Rajiv Gandhi : toutes deux avaient « péché » et porté des bébés illégitimes. « C'était un acte contre l'occupation, mais c'est aussi pour moi le moyen de prouver à ma famille que je valais autant que mes frères, qui, eux, avaient le droit d'aller à l'université, tandis que cela m'était interdit », déclara Fatma Al-Said, arrêtée après l'assassinat de deux soldats israéliens [14].

La volonté de ne pas atteindre de victimes innocentes donne au moins lieu à débat. Le président tchétchène Aslan Maskhadov a condamné les attentats contre des victimes civiles, comme le grand mufti d'Arabie saoudite, le cheikh Abdelaziz Al-Cheikh, ou le mufti Mohammed Sayyid Al-Tantawi, cheikh de l'université Al-Azhar, en Égypte.

Globalement, ces attentats entrent, malgré l'habillage religieux, dans une logique fondamentalement politique : seul un processus sérieux de négociations peut les tarir. La violence contre-terroriste fondée sur la punition collective se révèle un échec. « Nous allons porter la guerre chez eux. Ainsi, ils doivent faire la guerre dans leurs maisons et non dans les nôtres. Nous combattons sur leur terres et nous avons l'avantage », assure un officier de Tsahal [15]. Depuis la deuxième Intifada, il y a trois fois plus de victimes palestiniennes qu'israéliennes et la politique de force de M. Ariel Sharon ne protège pas Israël, puisqu'il y a trois fois plus de victimes israéliennes actuellement qu'il y a vingt-cinq ans.

Ces méthodes développent le terreau sur lequel fleurit le candidat au suicide. Il est significatif que l'on ne constate pas d'attentats-suicides en Algérie [16] ; la relative jeunesse du conflit en dépit de la violence de la guerre civile depuis 1991 ne suffit pas à expliquer cette absence.

Bien plus inquiétante est la seconde catégorie d'attentats-suicides, qui trouve sa consécration dans l'attaque contre le World Trade Center. L'ennemi est devenu une construction globalisante et imaginaire « réifiée » : « Les juifs, les Croisés et les hypocrites », selon les termes de M. Oussama Ben Laden, qui rassemble ainsi pêle-mêle toutes les cibles, sans souci de la religion des victimes indirectes. Le 21 mai, la chaîne Al-Jazira diffuse un enregistrement dans lequel le numéro deux d'Al-Qaida, M. Ayman Al-Zawahiri, appelle les musulmans à « combattre les Américains... », les exhorte à « chasser les Occidentaux de la péninsule arabique, “terre de l'islam” » : « les croisés et les juifs ne comprennent que la langue du meurtre, du bain de sang et des tours qui brûlent. » Et d'ajouter : « O musulmans, prenez votre décision et frappez les ambassades des États-Unis, de Grande-Bretagne, d'Australie et de la Norvège (sic), leurs firmes et leurs employés. »

Les réseaux auxquels on impute traditionnellement ces attentats-suicides se composent de trois strates générationnelles : celle des vétérans « afghans » ayant lutté contre les Russes comme MM. Ben Laden, Adnan Ersoz, le Turc, ou Abou Qatada, de Londres; celle, plus jeune, des « Bosno-Tchétchènes » comme M. Azad Ekinci, le Turc des attentats d'Istanbul, ou les frères David et Jérôme Courtailler. Fascinée par ces anciens combattants, s'agrège une troisième génération âgée d'une vingtaine d'années, comme M. Richard Reid, l'homme à la chaussure piégée, qui accepte le sacrifice pour une cause mythique : le triomphe de l'islam, le rétablissement du Califat et l'union retrouvée des musulmans. Ces jeunes constituent des « groupuscules sans nom », selon l'expression du spécialiste turc des mouvements islamistes Rusen Cakin, cimentés par une dérive sacrale appuyée sur une idéologie sectaire et de sacrifice. Le temps est aboli par une référence mythologique aux âges d'or de l'islam (salafistes).

L'idéologie guerrière présente l'avantage de désigner un ennemi réifié, auquel on dénie toute valeur, concentration de tous les maux (Américains, Israéliens, Français pour les Maghrébins…). Il n'y a plus d'identité nationale revendiquée, mais une sorte d'identité planétaire, l'oumma (communauté des croyants). Autant que la mosquée, le café Internet devient le lieu de rencontres. Souvent issus de familles multiculturelles ou déracinées, parfois titulaires de plusieurs nationalités, ces candidats au suicide vivent une géographie symbolique : la terre d'islam est là où ils se trouvent et où peuvent « légitimement » se réaliser des attentats.

Il s'agit d'un des effets surprenants de la « glocalisation » : les solidarités sont locales, souvent constituées à partir du même quartier ou de la même ville, comme un gang, et les agents de liaison, les « connecteurs » comme M. Djamel Beghal, sont planétaires et mettent le maximum de frontières entre les groupes. Le groupe islamiste marocain Assirat al-Moustaqim (« le droit chemin »), dont venaient huit des quatorze terroristes, est un mélange de secte et de bande du faubourg populaire de Sidi Moumen – et l'imam venait de France.

Les Occidentaux convertis ou les « reborn in Islam [17] » peuvent devenir les éclaireurs des futures cibles (tel M.Richard Reid en Israël) et des fournisseurs de faux passeports déclarés perdus et renouvelés à volonté, comme le fit M.Zacarias Moussaoui. Les pèlerinages au Pakistan, au Cachemire ou en Afghanistan sont fréquents. L'argent est facilement disponible. Selon Scotland Yard, le réseau de 4 000 associations islamiques et de 50 banques permet chaque année de redistribuer les 3 millions de livres de la zakat al-fitr [18]. Ces déplacements fréquents participent de la déterritorialisation du combat comme les contacts par Internet.

Le cas des Moudjahidines du peuple iraniens, dont quelques membres se sont immolés par le feu lors de la garde à vue de Mme Maryam Radjavi par la direction de la surveillance du territoire (DST) française, constitue un exemple intéressant de ces ambiances mythifiées qui prédisposent les militants au sacrifice, même pour un motif futile. On retrouve des phénomènes analogues avec les suicides collectifs, à la fois parmi les prisonniers du PKK et dans des sectes apocalyptiques qui se présentent comme assiégées par un monde d'incompréhension et d'agression (suicide de Guyana avec David Koresh, par exemple, ou culte du Temple solaire en France).

La place centrale du gourou/leader/émir est essentielle pour donner corps à la promesse d'un « après » meilleur, qu'il soit sur terre grâce au triomphe de la cause, ou au ciel. Il est souvent autoproclamé, comme Richard Robert, « l'imam aux yeux bleus » des attentats au Maroc, d'origine stéphanoise. Le culte de la personnalité développe l'adhésion au chef, auquel le sacrifice est dû, que ce soit pour Mme Maryam Radjavi, MM. Ben Laden ou Abdullah Ocalan, le leader du PKK, ou Riduan Isamuddin, alias Hambali, le leader opérationnel de la Jemaah Islamiyah indonésienne.

L'acte terroriste comme arme asymétrique

Les cibles sont universelles (Nations unies, Croix-Rouge, World Trade Center, banques…), les méthodes de plus en plus aveugles, les effets collatéraux indifférents : la guerre contre d'autres musulmans n'est pas interdite. La légitimation vient de l'invective lancée contre les « hypocrites », qu'ils soient chiites qualifiés de « demi-juifs » ou mauvais croyants accusés de vivre « à l'occidentale », dans la débauche. L'attentat contre le complexe résidentiel Al-Mohaya de Riyad, le 8 novembre 2003, a tué des victimes de dix-neuf nationalités, principalement proche-orientales, mais aucun Occidental. L'attentat contre la synagogue d'Istanbul a tué cinq juifs turcs sur dix-neuf victimes. Al-Qaida, dont Washington voit partout la main, est devenue un « ennemi mythologique », remarque Richard Labevière avec raison.

Les attentats d'Istanbul sont symboliques de la rupture avec l'islam politique traditionnel : le fondateur du Hezbollah turc est un « afghan », M. Adnan Ersoz. La seconde génération, celle des Bosno-Tchétchènes, se retrouve chez Azad Ekinci, qui a recruté et formé les jeunes kamikazes de 20 ans fréquentant le café Internet de Bingol. Les attentats-suicides ont visé un pays qui a refusé son assistance aux Américains pendant la guerre d'Irak et qui est gouverné par un parti se réclamant de l'islam politique, le Parti de la justice et du développement, dont le chef, premier ministre, a déclaré : « À travers ses citoyens juifs, c'est une attaque contre la Turquie ! » Ces attentats marquent une ligne de fracture entre les islamistes politiques « constitutionnalistes », qui ont choisi la voie électorale – tels qu'on les a connus dans les années 1980 –, et les petits groupes dispersés dans lesquels se recrutent les kamikazes de la nouvelle génération.

Certes, les deux types de kamikazes ne sont pas indépendants. Les premiers servent de références symboliques aux seconds dans une mythologie de l'islam martyrisé. Mais ils procèdent de traitements différents. Le concept de « guerre globale contre le terrorisme » est une faute politique, car il assimile des groupes et des actions différents. Un processus politique de négociation est la seule solution dans les cas de comportements suicidaires ethnonationalistes à fondement religieux de Tchétchénie, de Palestine, etc. Ainsi, le retrait des troupes israéliennes du Liban a conforté le Hezbollah dans la décision, prise dès les dernières années de l'occupation, de mettre fin aux attentats-suicides, qui ne visaient d'ailleurs que des cibles militaires – et non civiles.

La brutalité des forces occupantes indiennes, russes, sri-lankaises ou israéliennes fait en général plus de victimes que les attentats. Elle légitime l'acte terroriste comme arme asymétrique et le déni du statut de victimes innocentes aux populations civiles : soit parce que celles-ci aussi sont armées (colons israéliens), soit parce qu'elles feignent d'ignorer les massacres commis (population russe). Enfin, elle provoque le soutien de la population et alimente le vivier dans lequel se recrutent les futurs kamikazes.

La seconde catégorie d'attentats-kamikazes a frappé le plus grand nombre de pays et continue à s'étendre. Et aucun pays européen ne peut se penser à l'abri de tels actes.

http://www.monde-diplomatique.fr/2004/06/CONESA/11248

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[1] Liban, Israël-Palestine, Argentine, Tchétchénie-Ingouchie-Ossétie et Russie, Cachemire, Inde, Sri Lanka, Tadjikistan, Indonésie, Arabie saoudite, Syrie, Maroc, Afghanistan, États-Unis, Turquie, Irak dans le Sud chiite, dans le triangle sunnite et au Kurdistan (irakien), Yémen, Inde, Pakistan, Philippines, Tunisie, Égypte, Kenya, Tanzanie, Koweït, Croatie, Espagne, Ouzbékistan, et deux projets visant Singapour et la Malaisie.

[2] En plus des pays déjà cités, il y a la Grande-Bretagne, la Jordanie, l'Espagne, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Australie et la Suisse (via la Croix-Rouge à Bagdad).

[3] Le premier attentat-suicide en 1981 vise l'ambassade d'Irak à Beyrouth et il est perpétré par un groupe islamiste Al-Da'wa, actuellement membre du conseil transitoire.

[4] Tigres de libération de l'Eelam tamoul – LTTE.

[5] Amélie Blom, « Les kamikazes du Cachemire : “martyrs” d'une cause perdue », Critique internationale, n° 20, Paris, juillet 2003.

[6] « An alternative strategy for the war on terrorism », 11 décembre 2002.

[7] L'année 1948 a été marquée par l'exode de 750 000 à 850 000 Palestiniens. L'historiographie palestinienne appelle cette expulsion la Nakba, « la catastrophe ».

[8] Eyad Sarraj, « Israël-Palestine, la déchirure des enfants au front », Le Monde diplomatique, novembre 2000.

[9] Propos repris à l'occasion de la 6e Biennale des cinémas arabes, à l'Institut du monde arabe, Paris, 2002.

[10] Jacques Semelin, « Les rationalités de la violence extrême », Critique internationale, n° 6, juillet 2000, p. 143.

[11] Cf. sur le Cachemire, Amélie Blom, op. cit. ; sur le martyre palestinien, Pénélope Larzillière dans Alain Diechkoff et Rémy Leveau, Israéliens et Palestiniens, la guerre en partage, Balland, Paris, 2003, p. 105.

[12] Amélie Blom, op. cit.

[13] Barbara Victor, Shahidas, les femmes kamikazes de Palestine, Flammarion, Paris, 2003.

[14] Barbara Victor, op. cit.

[15] Bruce Hoffman, « The logic of suicide terrorism », The Atlantic monthly, Boston, juin 2003.

[16] Luis Martinez, « Le cheminement singulier de la violence islamiste en Algérie », Critique internationale, n° 20, Paris, juillet 2003.

[17] Olivier Roy, L'Islam mondialisé, Seuil, Paris, 2002.

[18] Argent de l'aumône.

Lire aussi le courrier : Tigres tamouls

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Si les attentats suicides ne constituent que 3% de l'ensemble des actes terroristes, ils sont néanmoins responsables de 45% du nombre total de victimes. [1]

À mon avis, une attaque suicide n'est pas légitime en regard notamment de son idéologie englobante visant à punir l'infidèle – l'Occident ou l'État oppresseur, par exemple – tout comme de son caractère irrationnel et ce, malgré des circonstances atténuantes. Si le nouveau concept de la « guerre contre le terrorisme » me semble être une approche inefficace, il n'en demeure pas moins qu'il faut condamner l'attentat suicide, un phénomène qui s'accentue et qui cache une réalité derrière la froideur du vocable « dommage collatéral », celle des victimes.


[1] Robert A. Pape, « The Strategic Logic of Suicide Terrorism », The American Political Science Review, 97 (2003).

Qui a raison : Descartes ou Pascal ?



07 juillet 2005


« Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel chaos, quel sujet de contradiction ? Juge de toutes choses, imbécile ver de terre; dépositaire du vrai, amas d'incertitudes; gloire, et rebut de l'univers. S'il se vante, je l'abaisse; s'il s'abaisse, je le vante, et le contredits toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne, qu'il est un monstre incompréhensible. » Blaise Pascal (1623-1662), Pensées.

Depuis le début du XXe siècle, les sciences et la médecine ont fait d'énormes progrès pour tenter de démystifier la complexité de la nature humaine. Nous connaissons désormais davantage le fonctionnement du bagage génétique et les spécialistes de ce domaine prévoient être en mesure de guérir certaines maladies, dans un avenir rapproché, en modifiant notamment certaines composantes de l'ADN humaines.

Nos connaissances sur le cerveau humain ont énormément progressé : le fonctionnement de ses deux hémisphères, de ses différentes composantes et de l'acheminement du message du cerveau au système nerveux nous paraissent évidents, les différentes ramifications de celui-ci nous sont connues et les termes mémoire et neurone sont couramment utilisés dans notre vocabulaire. L'humain a aussi créé, inventé perfectionné et innové dans d'innombrables domaines : il a marché sur la lune, il a mis au point un monde virtuel (Internet), il a cloné une brebis tout en s'apprêtant à le faire sur un être humain, il a volé plus vite que le son (mur du son) et il a même tenté d'instaurer un pacte de paix universelle ou de renonciation à la guerre (Pacte Briand-Kellogg 1928). Malgré toutes ces innovations, l'homme de ce nouveau millénaire n'est pas nécessairement plus heureux et en harmonie avec ses semblables.

« Agir rationnellement ». Cette formulation, si souvent utilisée à tord et à travers, nous renvoie spontanément à plusieurs images : notamment au concept de la raison humaine, qui en théorie nous sépare des animaux, et aussi à l'idée que nous devons faire preuve de bon sens; mais qu'est-ce que quelqu'un qui en fait la démonstration ? Nous a-t-on inculqué explicitement ce que cette notion de bon sens signifie ? Hélas non, tout comme les termes « la normalité », « le bien », « le mal », « le bonheur », « l'intelligence » etc. qui sont tous des concepts passablement subjectifs et qui varient selon plusieurs facteurs comme, par exemple, les valeurs et l'éducation que nous avons acquises.

On nous dit aussi qu'agir raisonnablement c'est d'écouter la supposée sagesse de cette personne, puisqu'elle est plus veille, plus instruite ou plus sensée que nous, ou bien encore c'est lorsque nous utilisons non pas nos expériences dans une quelconque situation mais bien notre raisonnement. C'est aussi la rationalité qui nous permet de distinguer l'homme de la bête et ainsi de nous positionner sur un piédestal en revendiquant la supériorité. L'être humain est supérieur aux autres créatures terrestres, néanmoins ce n'est pas parce que nous sommes tous dotés d'une intelligence rationnelle que nous nous en servons toujours de façon adéquate.

En examinant l'autre côté de la médaille, soit l'aspect sombre du XXe siècle, j'estime que la rationalité qui habite chaque être humain n'a pas permis d'éviter, entre autres, les génocides, les guerres et l'apartheid. Je ne suis ni un idéaliste, qui espère un monde sous un idéal élevé voir impossible à atteindre, ni un pacifiste, qui croit à une paix perpétuelle, et ni encore un utopiste qui imagine une société parfaite. Il faut tout de même reconnaître que les beaux principes et les belles théories de Descartes ne sont en fait qu'un idéal dont les êtres humains, inclinés vers le pouvoir, la force et le contrôle, ne peuvent en être qualifiés dans cet absolu.

Tout de même, nous ne pouvons nier que l'humain se doit d'agir rationnellement puisque c'est ce qui lui accorde une certaine dignité, mais la voix du cœur a été trop souvent rejetée par plusieurs hommes influents de cette planète. En effet, si certains politiciens utilisaient leur cœur plutôt que leur raison nous pourrions peut-être parvenir à des résultats sensiblement différents. Cette réflexion semble teintée, a priori, d'utopie, mais elle trouve son application lorsque nous examinons, avec un certain recul historique, le cheminement d'un Martin Luther King ou d'un Mohandas Karamchand Gandhi, dit le Mahatma. Apôtres de la résistance passive et de la non-violence, Martin Luther King lutta contre la discrimination envers les Noirs afin que ceux-ci puissent bénéficier des principes de droits universels reconnus aux autres individus, tandis que Gandhi lutta pour l'accession de son pays (l'Inde) à l'indépendance.

Les discours et les actions que ces deux hommes ont utilisés ne reflètent pas toujours la rationalité prônée par Descartes, ce qui met en lumière que parfois la solution ne se trouve pas dans la voix habituelle puisqu'ils ont contribué à faire valoir leur idéologie tout en empruntant une voix différente.

« La raison agit avec lenteur, et avec tant de vues et de principes différents qu'elle soit avoir toujours présents, qu'à toute heure elle s'assoupit, ou elle s'égare, faute de les voir tous à la fois. Il n'en est pas ainsi du sentiment. Il agit en un instant, et toujours est prêt à agir. Il faut donc, après avoir connu la vérité par la raison, tâcher de la sentir, et de mettre notre foi dans le sentiment du coeur; autrement elle sera toujours incertaine et chancelante. » Pascal, Pensées.

Pour peu que l'on connaisse le XVIIe siècle français, on oppose spontanément Pascal à Descartes. Pascal, pourtant savant, s'en remet au cœur et non à la raison pour accéder à Dieu : ni la raison et ni les sciences constituées n'offrent de points de repère fiables pour discerner le vrai du faux. L'homme, « monstre incompréhensible » qui tente de se connaître, se découvre comme un abîme de contradictions, de « disproportion ». Descartes, quant à lui, fait plutôt de Dieu, qui paraît dès lors froid, la clef de voûte de son édifice rationnel. Ce sont là deux modèles par rapport auxquels un peuple et des individus peuvent se définir et ce, encore de nos jours, malgré que plusieurs centaines d'années nous séparent de ces conceptions. Ils indiquent aux êtres humains quels sont leurs choix en leur fournissant une perspective particulière et clairement définie quand se posent les problèmes éternels de la vie. Ils représentent ainsi un choix entre la raison et la révélation, entre la science et la piété, et de ce choix découle tout le reste. L'une et l'autre de ces visions totales se présentent presque toujours à l'esprit lorsqu'il réfléchit sur lui-même.

(http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Blaise_Pascal)

Pascal et tous les auteurs de la période du romantisme – première moitié du XIXe siècle environ ­–, ont utilisé une perspective différente du cartésianisme puisque selon eux, au nom de la nature, nous pouvons en effet contester la tyrannie de la raison, les contraintes sociales et les règles stériles héritées des Anciens. Ils ont alors mis en opposition le cœur (les sentiments), qu'ils privilégiaient, à la raison (la pensée, le savoir, les notions théoriques, etc.). On peut retrouver par exemple une phrase très significative de ce mouvement dans les Pensées de Pascal : « Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point. On le sent en mille choses. » qui démontre parfaitement cette ligne de pensée, c'est-à-dire que l'être l'humain est fait d'un esprit, d'une raison mais parfois c'est son cœur qu'il doit suivre.

« La raison ne satisfait pas à ses propres exigences, car elle ne parvient pas à rendre compte de tous les phénomènes et de toutes les expériences humaines. Ce que nous connaissons par le cœur ou par les sentiments échappe à la géométrie ­– l'« ordre le plus parfait entre les hommes » – et à sa méthode. La raison peut saisir la nécessité, mais comme nous le constatons dans la géométrie cette nécessité n'est que formelle. Il faut toutefois éviter de lui retirer toute confiance ou, au contraire, de ne se fier qu'à elle en prétendant qu'elle peut offrir une base solide à nos jugements. Selon Pascal, la seule manière de « vraiment philosopher », c'est de « se moquer de la philosophie » et de la raison. »

(http://www.memo.fr/article.asp?ID=PER_MOD_068)

Pascal croit aussi que l'unique but est de coopérer avec Dieu à « incliner le cœur » de l'homme « égaré dans ce coin de l'Univers, sans savoir ce qui l'y a mis, ce qu'il y est venu faire, ce qu'il deviendra en mourant ». Pascal utilise une métaphore teintée de fatalité, mais aussi de vertu, décrivant un aspect de l'homme. « L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser. Une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue; parce qu'il sait qu'il meurt; et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Ainsi toute notre dignité consiste dans la pensée. C'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée. Travaillons donc à bien penser. voilà le principe de la morale. »

Pascal explique pourquoi l'être humain ne parvient jamais au bonheur : « Nous ne nous tenons jamais au présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent, et comme pour le hâter; ou nous rappelons le passé pour l'arrêter comme trop prompt […] et si vains, que nous songeons à ceux [aux temps] qui ne sont point, et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste. »

Selon moi, c'est encore un aspect au XXIe siècle qui préoccupe passablement les humains. Il y a eu par le passé certains clivages importants comme : le bien, Dieu et le paradis opposés au mal, à Satan et à l'enfer... les riches, l'idéologie capitaliste et l'argent versus les pauvres, l'idéologie socialiste et les valeurs morales. Cependant, au niveau plus personnel ce qui préoccupe l'être humain, souvent inconsciemment, c'est l'opposition entre Descartes et Pascal, c'est-à-dire l'éternel mouvement du balancier entre la rationalité et les sentiments. Pratiquement tout le monde utilise un peu des deux, certains penchent plus d'un côté ou de l'autre, et il n'y a aucun chemin meilleur qu'un autre.

On dira qu'un diplômé du secteur des finances est un être plus rationnel tandis que quelqu'un en Arts ou en travail social est plus près du cœur et des sentiments. Malgré tout, peu importe le chemin parcouru, je crois que c'est dans la nature de l'être humain de toujours vouloir rechercher l'ataraxie, c'est-à-dire la tranquillité absolue de l'âme. C'est pratiquement impossible d'y parvenir, car c'est davantage une notion de perfection que les stoïciens et les épicuriens désiraient atteindre, mais c'est tout de même ce à quoi les êtres humains tentent de rejoindre, pour accéder au but ultime de leur existence, soit le bonheur.

Le bonheur comme fin, ce vers quoi on tend par nature, fut envisagé par la masse populaire surtout depuis la Révolution française en 1789, mais c'est pratiquement depuis 2000 ans que les penseurs y réfléchissent et désormais ce but est ce qui rejoint l'humanité. Que nous soyons cartésiens ou plus romantiques, nous ne pouvons nier que nous suivons tout au cours de notre vie une tangente menant inexorablement vers l'ataraxie.

Dans une vision plus globale, il est évident que le monde dans lequel nous vivons et les êtres humains que nous côtoyons ne sont pas parfaits, ils ne le seront d'ailleurs jamais. Ce que nous voulons rejoindre pour être heureux n'est jamais pleinement atteint puisque ce qui fait notre bonheur ne consiste pas seulement à la façon dont nous planifions nos propres actions. Nous ne pouvons modifier ce qui nous entoure par notre simple volonté, car nous sommes sans cesse en interaction avec des individus ayant des visées divergentes des nôtres et partageant une vision différente de laquelle nous envisageons.

J'estime que nous valorisons de façon abusive la pensée froide et désincarnée qu'est la raison au détriment de la voie du cœur trop souvent rejetée, mais qui est aussi, ce que nous oublions trop souvent, un aspect qui distingue l'homme de la bête. En ce nouveau millénaire, cette façon d'envisager la vie m'apparaît comme celle à choisir mais en l'appliquant comme Pascal, c'est-à-dire d'éviter de retirer à la raison toute confiance ou, au contraire, de ne se fier qu'à elle en prétendant qu'elle peut offrir une base solide à nos jugements.

Pour plus d'informations :

Oeuvres de Pascal : Les pensées (1670, posthume)

http://wikisource.org/wiki/Pensées

Oeuvres de Descartes : Le Discours de la méthode (1637) Méditations métaphysiques (1641) Les Passions de l'âme (1649)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_Pascal

http://fr.wikipedia.org/wiki/Descartes

La danse des masques



06 juillet 2005


« J'ai toujours vu que pour réussir dans le monde, il fallait avoir l'air fou et être sage. » Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755), Mes pensées.

Dans les forces armées, toutes nations confondues, l'équipement du soldat est fabriqué de telle sorte qu'il puisse se mettre aisément hors de portée de la vue de l'ennemi, c'est ce qu'on appelle un procédé de camouflage. Cette technique est d'une grande utilité en permettant, entre autres, au combattant de se confondre avec le décor et ainsi de surprendre son opposant ou encore de ne pas être repéré par un tireur embusqué.

Dans la nature ce moyen est aussi employé : c'est la propriété que possède certains animaux d'imiter une caractéristique de leur environnement ou d'une espèce animale redoutée d'une catégorie de prédateurs afin de se protéger ou de profiter d'un avantage.

C'est ce qu'on appelle le mimétisme qui implique un système mimétique comportant un modèle, considéré comme un agent émetteur de stimuli ou de signaux perceptibles aux sens, un mime qui est l'animal ou le végétal qui plagient ce modèle, et des dupes, animaux ennemis ou victimes du mime, dont les sens sont réceptifs aux stimuli émis par le modèle et sont leurrés par le mime. Le caméléon est remarquable non seulement parce que ses yeux sont indépendants l'un de l'autre, mais surtout à cause de sa peau qui change de coloration selon le milieu.

Alors, quel est le but de ces quelques propos en guise d'introduction pour ce présent essai ?

Lorsque nous abordons la notion de camouflage en regard à l'espèce humaine, l'idée que notre cerveau transmet spontanément à l'esprit c'est l'action de camoufler ou de dissimuler quelque chose qui nous déplaît pour le rendre méconnaissable afin que notre entourage ne le remarque point. C'est en quelque sorte une « autoprotection » que l'on se fixe pour se protéger de nos prédateurs potentiels, soit d'autres humains qui sont nos rivaux.

Les raisons que l'on évoque pour utiliser ce stratagème varient passablement, selon les individus et les situations, et cachent souvent un certain malaise vis-à-vis notre moi. En psychologie, ce concept fait référence à la personnalité et l'individualité de chaque être humain et aussi ce qui lui permet de s'adapter à la réalité et de contrôler ses pulsions.

Dans la vie, à plusieurs instants, nous tentons de cacher notre vraie nature ou bien encore nous voulons dissimuler un certain mal de vivre en nous évadant de ce monde, par plusieurs moyens, où la réalité nous semble plus agréable. Si la quête du bonheur rentre certainement en jeu lorsque nous voulons nous évader de ce monde, ce moment de béatitude est toutefois de courte durée, car les moyens utilisés pour raviver cette flamme disparue sont souvent constitués pour procurer un intense plaisir lors de l'activation.

L'effet se dissipe rapidement et nous revenons alors à la case départ, c'est-à-dire que le bonheur n'est pas atteint. C'est dans cette catégorie que nous pouvons insérer l'utilisation abusive de drogues et d'alcool, la pratique à outrance de sports extrêmes et la quête d'un modèle ou d'un héros afin de construire notre existence sur une base irréelle mais combien attirante.

La négation de qui nous sommes réellement constitue une des tactiques employées par un bon nombre de personne, et ce, peu importe l'âge, malgré le fait que nous ne pouvons échapper un jour ou l'autre à la réalité. Pour reprendre sous une autre forme une idée émise par Blaise Pascal dans ses Pensées, c'est que la réalité (le présent) d'ordinaire nous blesse et il est bien plus facile d'envisager de transformer qui nous sommes au profit d'une image qui illumine davantage nos désirs reflétant ainsi aux autres une déformation brouillée de notre vraie nature.

Que chacun examine ses actions et ses pensées au quotidien. En faisant cette analyse on se rend compte que, la plupart du temps, nous agissons non pas en fonction de qui nous sommes véritablement, mais plutôt en jonglant entre qui nous désirons être et l'image de qui nous voulons projeter à ceux qui nous côtoie.

Depuis les tout premiers soubresauts de l'humanité, l'homme pratique le rituel du masque. La plupart des civilisations connues ont en effet vu leurs guerriers se masquer pour effrayer leurs adversaires et leurs grands sorciers faisaient de même pour faire croire à leurs adeptes qu'ils possédaient d'étranges pouvoirs. De nos jours, bien que fictif, le masque est toujours utilisé et nous le portons pour créer un écran de protection ou une image flatteuse que nous voulons donner de nous même.

L'homme en sortant de l'état de nature a dû se constituer en société. Selon Thomas Hobbes, philosophe politique anglais du XVIIe siècle, le contrat social conclu entre les hommes est essentiel étant donné que « l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous (L'homme est un loup pour l'homme). » (Thomas Hobbes, 1588-1679, Le Léviathan)

Toutefois, bien que l'on peut être en accord avec cette proposition, on ne peut nier que l'esprit de compétition est toujours présent parmi les hommes et que, même en société, l'état animal de l'homme (soit l'état de nature) est applicable lorsqu'on examine les relations interpersonnelles. Le port du masque s'avère ainsi une solution pour paraître à son meilleur afin d'avoir le dessus sur les autres et de ne pas étaler au grand jour nos défauts ou certains traits de notre personnalité qui nous déplaisent.

Cette façon d'agir est mise de l'avant à outrance par plusieurs êtres humains de notre ère, mais à force de camoufler notre vraie nature et de mentir à ceux que l'on aime, ne risque-t-on pas de payer encore plus cher leur déception ? Bien que nous tâchons tous d'améliorer certains aspects de notre personne, avoir recourt au port du masque simplement pour nous permettre pendant un bref moment d'être quelqu'un d'autre ne garantit pas le bonheur à long terme.

Sans contredit, rien n'est stable dans la vie : tout change à tout moment, tout s'écoule et même les montagnes, symboles de pérennité, se transforment imperceptiblement sous l'action ininterrompue de l'érosion. Ce qui est aussi le plus remarquable, contrairement à la nature humaine, c'est que dans ce mouvement chaque chose devient autre tout en restant cependant la même. Bien que nous sommes issus de l'état de nature et que nous sommes des créatures terrestres, nous ne nous transformons pas au fil des années en demeurant tout de même fidèles à notre personnalité singulière.

Ce que je suis et que je pense aujourd'hui n'implique pas nécessairement une constante tout au long de l'existence, c'est ce qu'indique à merveille la célèbre formule : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve » (citée par Platon dans le Cratyle). Le fleuve dans lequel j'entre aujourd'hui est bien le même que celui dans lequel je suis entré hier, mais ses eaux depuis se sont renouvelées, faisant de lui un fleuve autre. L'être que je suis se renouvelle sans cesse, en puisant dans de nouvelles ressources un peu partout autour de lui, mais l'important c'est de ne jamais perdre de vue tout ce que l'on a reçu par la source originelle, puisqu'une des merveilles de l'être humain c'est sa singularité.

Les masques dansent sans cesse autour de nous, l'important c'est d'apprendre à se connaître en évitant de glisser dans le piège d'utiliser un masque différent en fonction de la personne ou de la situation que nous faisons face. Finalement, nous nous devons de respecter notre individualité. C'est ce qui fait la force de l'être humain, car bien qu'à la base nous sommes tous pareils, il n'y a pas deux êtres humains fondamentalement identiques; du moins pas encore...

L'éternel retour



04 juillet 2005


À quoi bon vivre si notre passage sur la terre n'est qu'éphémère ?

Question percutante pour un premier message !

Cette réflexion métaphysique est le propre de l'être humain. Ce dernier, contrairement à l'espèce animale, est en mesure de réfléchir sur son existence.

Récemment, je me suis penché sur le concept nietzschéen de l'éternel retour. Sans être un spécialiste en la matière, il me semble que ce concept renferme une théorie intéressante.

Avec son concept de l'éternel retour, Friedrich Wilhelm Nietzsche ne considérait pas l'histoire humaine comme une répétition incessante des mêmes événements (histoire cyclique). Si Descartes avec son célèbre je pense donc je suis (tandis que je doute, je sais que j'existe, car s'il y a un doute, c'est qu'il y a nécessairement quelqu'un qui est là pour douter : cogito, ergo sum, je pense donc je suis) a voulu trouver une première certitude à son existence humaine, Nietzsche, en admettant l'hypothèse cyclique de l'existence, désire élaborer une réalité éthique : si le devenir est un vaste cycle, tout est également précieux, éternel, nécessaire.

Certes, la philosophie de Nietzsche est vaste et complexe et chaque concept contient de multiples dimensions. L'éternel retour, au même titre que les concepts de surhomme ou de volonté de puissance, ne se résume pas en quelques lignes. Néanmoins, il s'avère intéressant de réfléchir à ce qui adviendrait si tout ce que nous avons déjà vécu se répétait indéfiniment :

« Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée, et te disait : « Cette vie, telle que tu l'as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d'innombrables fois; et il n'y aura rien de nouveau en elle, si ce n'est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu'il y a d'indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession - cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci, et moi-même -. L'éternel sablier de l'existence ne cesse d'être renversé à nouveau - et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière ! » -. Ne te jetterais-tu pas sur le sol, grinçant des dents et maudissant le démon qui te parlerait de la sorte ? Ou bien te serait-il arrivé de vivre un instant formidable où tu aurais pu lui répondre : « tu es un Dieu, et jamais je n'entendis choses plus divines ! » Si cette pensée exerçait sur toi son empire, elle te transformerait, faisant de toi, tel que tu es, un autre, te broyant peut-être : la question posée à propos de tout et de chaque chose : « voudrais-tu ceci encore une fois et d'innombrables fois ? » pèserait comme le poids le plus lourd sur ton agir ! Ou combien ne te faudrait-il pas témoigner de bienveillance envers toi-même et la vie, pour ne désirer plus rien que cette dernière, éternelle confirmation, cette dernière, éternelle sanction! » F. Nietzsche, Le gai savoir (p. 341)

Si chaque seconde de notre vie (et de l'existence humaine) devait se répéter, la vie perdrait de sa fugacité. Comme le souligne Milan Kundera, dans le monde de l'éternel retour, chaque geste porte le poids d'une insoutenable responsabilité. Par conséquent, l'idée de l'éternel retour est le plus lourd fardeau (das schwerste Gewicht). Dans le monde de l'éternel retour, les atrocités commises par Adolf Hitler ou Pol Pot ont un poids plus considérable que dans notre réalité quotidienne où les événements affreux (une guerre, un génocide) nous semblent éphémères.

La question que nous devons nous poser pour tout ce que nous voulons faire : le voudrais-je de telle sorte que je le veuille faire d'innombrables fois? Nietzsche s'attaque, avec l'idée de l'éternel retour, au finalisme, c'est-à-dire à la croyance idéaliste selon laquelle l'histoire du monde est gouvernée par un Plan providentiel visant à instaurer le règne de la Morale. Selon Nietzsche...

  1. L'être n'existe pas, i.e. que l'univers n'atteint jamais un état final, il n'a pas de but (ce qui implique aussi le rejet de tout modèle mécanique); en conséquence, l'univers n'est pas devenu, ce qui signifie qu'il n'a jamais commencé à devenir (rejet du créationnisme).
  2. L'univers est fini (l'idée d'une force infinie est absurde et reconduirait à la religion).
  3. La volonté de puissance est une quantité de force; or, selon les points précédents, l'univers est composé d'un nombre fini de forces et le temps est un infini (l'univers n'a jamais commencé à devenir); toutes les combinaisons possibles doivent donc pouvoir revenir un nombre infini de fois. Hyperlien

Ainsi, l'idée du « Retour éternel » s'impose par la critique du finalisme. Dans la philosophie de Nietzsche, il faut reconnaître l'impossibilité à assigner une « fin », c'est-à-dire un terme au devenir. Si (comme dans plusieurs religions) le monde poursuivait une fin, il l'aurait atteint depuis longtemps. Il est évident que le devenir de l'homme persiste et qu'il n'a pas été éliminé.

(Hyperlien)

En faisant de l'athéisme une philosophie de vie, nous nous retrouvons en quelque sorte face au néant. Afin de contrer le pessimisme qui pourrait résulter d'une telle philosophie (je nais, je vis et je meurs), l'éternel retour propose un substitut à tous les athées de ce monde. Chaque acte que tu poses durant ton existence terrestre, pose-le comme si tu devais le revivre éternellement.

Pour plus d'informations :

Oeuvres de F. Nietzsche dont Le gai savoir, la Volonté de puissance et Ainsi parlait Zarathoustra

http://fr.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Nietzsche (encyclopédie libre et gratuite)

Le mythe nietzschéen de l'éternel retour retour est aussi étudié dans l'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera. Il se concentre sur le fait que l'Homme ne vit qu'une fois, sa vie ne se répète pas et donc il ne peut corriger ses erreurs. Et puisque la vie est unique, l'Homme préfère la vivre dans la légèreté, dans un manque absolu de responsabilités.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Kundera