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Réflexion

Retour de la pensée sur elle-même dans le but d'examiner plus en profondeur une idée, une situation ou un problème.

La liberté



Principe indivisible pour d'aucuns et indémontrable pour d'autres, la liberté connaît ses défenseurs mais aussi ses oppresseurs. À l'image de la longue marche de l'humanité, elle ne peut se définir qu'en des termes nuancés et il en va de même de son corollaire, soit l'affirmation que l'homme est libre.

Seule l'espèce humaine possède la capacité de dire « moi, je » et de penser à demain, un pouvoir que ne semble partager aucune autre espèce. L'homme, doté de réflexion, est sujet, conscient de lui-même, de ses pensées et de ses actes. Lui seul donc peut être libre. Premier droit qui le caractérise, la liberté est ainsi une invention humaine, mais n'en fait pas moins partie de la réalité que l'homme construit depuis qu'il a conscience d'être.

« La liberté n'est pas partie de mon patrimoine génétique. Invention des hommes comme le langage, la liberté s'apprend d'autres hommes qui en connaissent le prix et qui en donnent le goût. Comme l'égalité. Car les humains sont « naturellement » inégaux, mais ils ont inventé l'égalité. » [1]

Ainsi, la liberté ne peut être définie que par référence à la construction de chacun par lui-même avec l'aide des autres. Elle est sans rapport avec le caprice, c'est-à-dire la possibilité de faire n'importe quoi simplement parce qu'on en a envie. Ce n'est pas non plus un exercice solitaire puisque la liberté commence où commence aussi celle de l'autre, contrairement à cette croyance répandue voulant que la liberté de l'un s'arrête où commence celle de l'autre. Il faut être au moins deux pour être libre, plus exactement pour mettre en place des règles de vie en commun satisfaisantes pour chacun. Cependant, la liberté n'évacue pas la contrainte acceptée, tout comme la grammaire, la contrainte du langage, qui est le prix de la parole libre.

On juge souvent la liberté d'après l'état de l'humanité au lieu de juger l'humanité d'après la liberté. Il s'agit là d'une erreur car le monde progresse quand il s'efforce d'être conforme à ce qu'il n'est pas mais qu'il pourrait devenir, et non quand il est banalement conforme à ce qu'il est.

« Proclamés, déclarés solennellement, réaffirmés, les droits de l'homme ont été maintes fois violés et écrasés, maintes fois trahis, mais restent, envers et contre tout, le moteur d'un modèle de société (…) » [2]

Un long cheminement de réflexions philosophiques qui remonte à l'Antiquité mène plus tard l'humanité à la codification de ses droits, le texte fondateur étant la Grande Charte d'Angleterre de 1215. C'est ainsi que la liberté devient un droit inaliénable dans la Déclaration d'Indépendance des États-Unis de 1776, et un droit naturel et sacré de par la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen proclamée à Versailles le 26 août 1789, l'article un étant : les hommes naissent libres et égaux en droit. La voix de détracteurs de même que l'exploitation de l'homme par l'homme, notamment lors de l'expansion du capitalisme et des conquêtes coloniales, montrent la limite des droits individuels de l'homme.

Il faudra attendre 1948 et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme pour que droits individuels et droits collectifs soient proclamés en même temps et sur un même plan, au bénéfice de l'humanité dans son entier. Quant à son prolongement, soit le Pacte de 1966, en engageant directement les États, il garantit notamment le droit à la vie, à la liberté et interdit les tortures; il reconnaît également les libertés de conscience, de pensée et de circulation.

Il ne suffit pas de poser le principe du droit à la liberté, encore faut-il se donner les moyens de le mettre en œuvre pour passer d'un plan virtuel à un stade effectif. Suite à cette considération se pose alors la question, à savoir l'humain est-il libre.

« Il y a une seule chose, je ne sais pourquoi, que les hommes n'ont pas la force de désirer : c'est la liberté, bien si grand et si doux (…) Les hommes la dédaignent, parce que s'ils la désiraient, ils l'auraient; comme s'ils refusaient de faire cette précieuse acquisition, parce qu'elle est trop aisée. » [3]

La liberté ne se donne pas, elle se prend. Il faut donc, pour être libre, oser l'être, en prenant la liberté d'être libre. Savoir dire non, c'est prouver sa liberté car la force du refus permet la reconquête de soi. L'homme a ainsi le droit de se prétendre libre en dépit de l'illusion d'être déterminé sur le plan social et psychologique. Sa dotation génétique, son milieu et les influences qui agissent sur lui, ne sont pas les causes qui le font agir mais plutôt des incitations qui le poussent à choisir.

Cependant, l'individu moderne se soumet à un grand nombre de conformités qui refoulent et atrophient sa conscience. Il a acquis sa liberté en se coupant des anciens horizons moraux. Dans la modernité, apparaissent alors les abus et les formes déviantes d'une trop grande liberté qui incite à toutes les libertés, sans nuance, sans aucune obligation. La valeur fondamentale personnelle aussi bien que collective qu'est la liberté semble souvent éliminer les autres valeurs humaines de respect, de justice, d'éthique, d'autorité ou de responsabilité.

« Si le meilleur ne peut jamais être définitivement assuré, alors ni le déclin ni la futilité ne sont inévitables. La nature d'une société libre repose sur le fait qu'elle sera toujours le théâtre d'un conflit entre les formes élevées et les formes basses de la liberté. On ne peut abolir ni l'une ni l'autre, mais on peut en déplacer la ligne de partage, non pas définitivement mais, en tout cas, pour quelques individus, pour quelque temps, dans un sens ou dans l'autre. » [4]

Ainsi donc, la liberté n'est jamais définitivement acquise et il faut en permanence la définir, la mettre en place et l'adapter aux conditions d'un monde changeant. Si la conscience créatrice de l'humanité a su exprimer la hiérarchie de ses droits, il lui faut également agir de même pour ses valeurs et ses devoirs, sinon que peut signifier la liberté aux quatre cinquièmes des hommes de ce monde qui en sont encore à lutter pour un minimum de patrimoine matériel!

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[1] Albert Jacquard, L'avenir d'un monde fini; jalons pour une éthique du développement durable, colloque 1990 Université de Montréal, Montréal, Fides, Collection des Cahiers de recherche éthique 15, 1991, p. 128.

[2] Jean-Jacques Gandini, Les Droits de l'Homme : Anthologie proposée, Paris, EJL, Collection Librio, 1998, p. 5.

[3] Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, Paris, Flammarion, Collection GF Texte intégral, 1983, p. 184.

[4] Charles Taylor, Grandeur et misère de la modernité, Montréal, Bellarmin, collection l'Essentiel, 1992, p. 98-99.


BIBLIOGRAPHIE


De la Boétie, Étienne. Discours de la servitude volontaire. Paris, Flammarion, Collection GF Texte intégral, 1983.

Gandini, Jean-Jacques. Les Droits de l'Homme Anthologie proposée. Paris, éd. EJL, Collection Librio, 1998.

Jacquard, Albert. L'avenir d'un monde fini ; jalons pour une éthique du développement durable, colloque 1990 Université de Montréal. Montréal, Fides, Collection des Cahiers de recherche éthique 15, 1991.

Taylor, Charles. Grandeur et misère de la modernité. Montréal, Bellarmin, collection l'Essentiel, 1992.


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