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Réflexion

Retour de la pensée sur elle-même dans le but d'examiner plus en profondeur une idée, une situation ou un problème.

Une bibliothèque



23 novembre 2006


Romans


BARICCO, Alessandro - Soie
BARICCO, Alessandro - Novecento : pianiste

BEAUVOIR, Simone de - Tous les hommes sont mortels

BECKETT, Samuel - Endgame suivi de Act Without Words

BLIXEN, Karen - L'éternelle histoire

BROWN, Dan - Anges et Démons

BURGESS, Anthony - L'orange mécanique

CAMUS, Albert - Caligula suivi de Le malentendu
CAMUS, Albert - L'étranger
CAMUS, Albert - L'exil et le royaume
CAMUS, Albert - La chute
CAMUS, Albert - La peste

COELHO, Paulo - L'Alchimiste
COELHO, Paulo - Véronika décide de mourir

COURTEMANCHE, Gil - Un dimanche à la piscine à Kigali

DOSTOÏEVSKI, Fedor Mikhaïlovitch - Crime et Châtiment
DOSTOÏEVSKI, Fedor Mikhaïlovitch - Les Frères Karamazov

DUGAIN, Marc - La malédiction d'Edgar

GARCIA, Cristina - Les soeurs Agüero
GARCIA, Cristina - Rêver en cubain

GODBOUT, Jacques - Salut Galarneau!

HAFFNER, Sébastien - Histoire d'un Allemand

HÉBERT, Anne - Les chambres de bois

HEMINGWAY, Ernest - For Whom the Bell Tolls

HUXLEY, Aldous - Le meilleur des mondes

JARDIN, Alexandre - Le Petit Sauvage

KAFKA, Franz - La métamorphose suivi de Description d'un combat
KAFKA, Franz - Le château
KAFKA, Franz - Le Procès

KUNDERA, Milan - L'ignorance
KUNDERA, Milan - L'insoutenable légèreté de l'être

LITTELL, Jonathan - Les Bienveillantes

MAUPASSANT, Guy de - 12 contes réalistes

MÉRIMÉE, Prosper - Carmen

ORWELL, George - 1984
ORWELL, George - La ferme des animaux

PEARL, Matthew - Le cercle de Dante

PENNAC, Daniel - Au bonheur des ogres

POULIN, Jacques - Volkswagen blues

PRÉVERT, Jacques - Paroles

ROY, Gabrielle - La Montagne secrète

SARTRE, Jean-Paul - La nausée

SCHMITT, Eric-Emmanuel - L'Évangile selon Pilate
SCHMITT, Eric-Emmanuel - La part de l'autre
SCHMITT, Eric-Emmanuel - La Secte des égoïstes

SKARMETA, Antonio - Une ardente patience

STEINBECK, John - Des souris et des hommes

TASCHEREAU, Ghislain - L'Inspecteur Specteur et la planète Nète

TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 1 : La communauté de l'anneau
TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 2 : Les deux tours
TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 3 : Le retour du roi

VARGAFTIG, Bernard - La poésie des romantiques

VIAN, Boris - L'écume des jours
VIAN, Boris - L'arrache-coeur

VOLTAIRE, (François Marie Arouet) - Candide ou l'Optimisme

ZOLA, Émile - Germinal


Ouvrages généraux (histoire et science politique)


AMBROSI, Christian et al. - La France de 1870 à nos jours

BALARD, Michel et al. - Le Moyen Âge en Occident

BÉLANGER, André-J et Vincent Lemieux - Introduction à l'analyse politique

BERNARD, André - La vie politique au Québec et au Canada

CHASSAIGNE, Philippe - Histoire de l'Angleterre

COUTURIER, Jacques Paul - Un passé composé : le Canada de 1850 à nos jours

DICKINSON, John-A et Brian Young - Brève histoire socio-économique du Québec

DUROSELLE, Jean-Baptiste - L'Europe de 1815 à nos jours

GOUGEON, Jacques-Pierre - L'Allemagne dans les relations internationales de 1890 a nos jours

LEBRUN, François - L'Europe et le monde : Du 16e au 18e siècle

PETIT, Paul et André Laronde - Précis d'histoire ancienne

QUERMONNE, Jean-Louis - Les régimes politiques occidentaux

VANDEN, Harry E. et Gary Prevos - Politics of Latin America : The Power Game

VINCENT, Bernard - Histoire des États-Unis

ZINN, Howard - Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 a nos jours


Monographies historiques


BLOCH, Marc - Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien
BLOCH, Marc - L'étrange défaite

DÔLE, Robert - Le cauchemar américain

DOSSE, Francois - L'histoire ou le temps réfléchi

FRIED, Richard M. - Nightmare in Red: The McCarthy Era in Perspective

FUKUYAMA, Francis - La Fin de l'histoire et le dernier homme

HOBSBAWM, Eric John - L'Âge des extrêmes : Histoire du court XXe siècle, 1914-1991

HUSSON, Édouard - Comprendre Hitler et la Shoah : Les Historiens de la République fédérale d'Allemagne et l'identité allemande depuis 1949

KASPI, André - Les Américains, tome 1 : Naissance et essor des États-Unis, 1607-1945
KASPI, André - Les Américains, tome 2 : Les États-Unis de 1945 à nos jours
KASPI, André - Les États-unis d'aujourd'hui : Mal connus, mal aimés, mal compris

KENNEDY, Paul - Naissance et déclin des grandes puissances : Transformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000

KERSHAW, Ian - Hitler : Essai sur le charisme en politique
KERSHAW, Ian - Hitler, tome 1 : 1889-1936
KERSHAW, Ian - Hitler, tome 2 : 1936-1945
KERSHAW, Ian - Qu'est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d'interprétation

LEUCHTENBURG, William E. - The Perils of Prosperity, 1914-1932

ROUILLARD, Jacques - Le syndicalisme québecois : Deux siècles d'histoire

SCHRECKER, Ellen - The Age of McCarthyism : A Brief History with Documents

SHEEHAN, Neil - L'Innocence perdue

TOCQUEVILLE, Alexis de - De la Démocratie en Amérique, tome 1
TOCQUEVILLE, Alexis de - De la Démocratie en Amérique, tome 2

TODD, EMMANUEL - Après l'Empire : Essai sur la décomposition du système américain

TOINET, Marie-France - La chasse aux sorcières, le Maccarthysme, 1947-1957



Monographies politiques


ARON, Raymond - Démocratie et totalitarisme

CHOMSKY, Noam - La fabrique de l'Opinion publique - La Politique économique des médias américains
CHOMSKY, Noam - Le nouvel humanisme militaire

CHOSSUDOVSKY, Michel - La mondialisation de la pauvreté

DAVID, Charles-Philippe - Au sein de la Maison-Blanche : La formulation de la politique étrangère des États-Unis

DEBLOCK, Christian, dir. - L’ALENA : Le libre-échange en défaut

GILL, Louis - Le néolibéralisme

HOGAN, Michael J. et Thomas G. Paterson - Explaining the History of American Foreign Relations

KESSELMAN, Mark et al. - European Politics in Transition

PELLETIER, Réjean et al. - Le parlementarisme canadien

WEBER, Max - Le savant et le politique


Essais philo
sophiques


ALAIN, (Émile Chartier) - Propos sur le bonheur

BOISSINOT, Christian et al. - L'Art de vivre. Les stoïciens et Épicure

CAMUS, Albert - L'homme révolté
CAMUS, Albert - Le mythe de Sisyphe

GADAMER, Hans-Georg - Nietzsche : L'Antipode, le drame de Zarathoustra

MACHIAVEL, Nicolas - Le Prince

MORE, Thomas - L'Utopie

NIETZSCHE, Friedrich - Ainsi parlait Zarathoustra
NIETZSCHE, Friedrich - L'Antéchrist suivi de Ecce Homo

PASCAL, Blaise - Pensées


Autres (dont autobiographies)


DALLAIRE, Roméo - J'ai serré la main du diable : La faillite de l'humanité au Rwanda

DALLAIRE, Yvon - Homme et fier de l'être

GLADWELL, Malcolm - Blink : The Power of Thinking Without Thinking

LESTER, Normand - Le Livre Noir du Canada Anglais, Tome 1

LEVI, Primo - Si c'est un homme

THOREAU, Henry David - Désobéir

Entre déterminisme et libre arbitre



22 novembre 2006


Lorsque je fais bouillir du lait, il déborde. Je n’ai pas eu à faire l’expérience pour m’en assurer, mes nombreux talents culinaires me l’ont démontré maintes fois. Si vous en avez envie, vous pouvez recommencer plusieurs fois cette expérience pour vous rendre compte que vous obtiendrez toujours la même conséquence. C’est le principe de causalité : tout phénomène a une cause et si les mêmes conditions sont respectées, le même effet se reproduira. Le lait n’a pas de libre arbitre, il ne peut pas se déterminer librement. Qu’en est-il alors des êtres humains?

La philosophie marxiste et hégélienne présentent les actions humaines comme « déterminer » par des conditions hors de leur contrôle : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu'ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises. » Certes, nous en conviendrons que nous n’agissons pas toujours de notre plein gré : que ce soit par pression sociale, lois, conditionnement, etc. Par contre, cette philosophie est inacceptable, car son explication des actions humaines en termes de causalité implique que les hommes ne jouissent pas de leur libre arbitre; il n’existe pas de « séquence inévitable » dans l’histoire.

Mais laissons les théories et rentrons dans le concret. Dans la vie de tous les jours, est-ce que nos actions sont davantage conditionnées (ou déterminées) ou empreints de libre arbitre ? Tous les actes humains sont à la fois libres et déterminés selon le point de vue sous lequel on les envisage. Pour ma part, j’utilise mon libre arbitre le plus souvent possible. Certaines personnes de mon entourage me disent que j’agis de cette façon dans le but d’être à contre-courant, différent ou « rebelle ». Ils ont tort. J’utilise mon libre arbitre enfin d’avoir une pensé et un mode vie conforme à mes valeurs.

Je fais telle action pas parce qu’il FAUT le faire, mais parce que je VEUX le faire. La différence tient entre le falloir et le vouloir. Le libre arbitre décrit la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement.

**** En ébauche

Sagesse



20 novembre 2006


« Ni aimer, ni haïr, c'est la moitié de la sagesse humaine : ne rien dire et ne rien croire l'autre moitié. Mais avec quel plaisir on tourne le dos à un monde qui exige une pareille sagesse. »

Arthur Schopenhauer

Le régime totalitaire



19 novembre 2006


Les premiers philosophes politiques comme Montesquieu et Aristote ont assimilé le terme totalitarisme soit avec celui de despotisme ou avec celui de tyrannie. Aujourd’hui, le terme totalitarisme englobe autant le régime communiste de Staline, le régime fasciste de Mussolini et le régime nazi de Hitler, toutefois ils ont certains traits spécifiques qui les distinguent entre eux. Le totalitarisme est l’idéologie utilisée par les régimes politiques non démocratiques dans lesquels tous les pouvoirs appartiennent à un nombre restreint de dirigeants et qui ne tolèrent aucune opposition; l’état et la société sont considérés comme un tout indissociable. Le gouvernement a donc toute légitimité pour faire tout ce qui concerne les relations sociales, c’est-à-dire, en pratique, contrôler la vie des individus en ne leur laissant aucune liberté individuelle et surtout aucune liberté d’expression, ni par conséquent de pensée.

Pour la philosophe Hannah Arendt, ce type d’idéologie prône une rénovation totale des institutions de la société – refaçonner la société –. Le totalitarisme cherche par conséquent à reconstruire la société et l’individu, en créant les conditions idéales d’une utopie (vision d’un monde nouveau – Reich de 1000 ans –). Les sociétés totalitaires se distinguent par la promesse d’un « paradis », la fin de l’histoire ou la pureté de la race par exemple, et fédèrent la masse contre un ennemi objectif.

Ces régimes apparaissent munis d’un « parti unique » et de ce fait il n’y a pas de pluralisme politique, la dissidence n’étant pas tolérée. Ils créent souvent un Parti de masse, qui s’installe en parallèle de l’État, pour mobiliser les gens afin qu’ils adhèrent aux objectifs du régime. Le totalitarisme tel qu’il est décrit par Hannah Arendt n’est pas tant un régime politique qu’une dynamique autodestructive reposant sur une dissolution des structures sociales. Les fondements des structures sociales ont été volontairement sabotés ou détruits : les camps pour la jeunesse ont par exemple contribué à saboter l’institution familiale en instillant la peur de la délation à l’intérieur même des foyers; la religion est interdite et remplacée par de nouveaux mythes inventés de toutes pièces ou recomposés à partir de mythes plus anciens, la culture est également une cible privilégiée.

Dans tout régime totalitaire, on retrouve aussi un leader tout puissant, traduisant la plupart du temps le concept de « l’autorité charismatique », développé par le célèbre sociologue Max Weber. La création du « Mythe du Führer », en Allemagne, serait à l’origine du ralliement au régime nazi de la grande masse du peuple allemand. Il n’y a pas nécessairement de centralisation du pouvoir, L’État allemand, par exemple, se désintègre progressivement au profit d’une hiérarchie pyramidale dans laquelle les individus, aux compétences mal définies, n’ont à répondre de leurs actes qu’à leur supérieur immédiat. C’est l’aspect polycratique du fonctionnement du régime qui est fondamental, chaque centre de décision prenant en ordre dispersé des décisions en fonction d’une conjoncture accidentelle.

Autres caractéristiques des régimes totalitaires, la gouverne de la société par le « parti unique » se déroule sous des règles pseudo-démocratiques; les élections sont maintenues pour préserver l’aspect démocratique du régime. Aussi, par la propagande on prétend que le parti incarne la volonté du peuple. Maître d’un des plus importants État dans l’État, Joseph Goebbels utilise de brillantes tactiques pour convaincre la population allemande que la vie est meilleure à présent, sous le IIIe Reich. Le moyen de prédilection demeure cependant les manifestations de masse, telle la Force par la Joie (K.D.F) qui veut créer un ordre social en favorisant l’épanouissement de la population dans les loisirs.

Le monopole de la circulation des idées, par le contrôle des communications, sert à mobiliser la population et à assurer la stabilité du système – des écoles pour enseigner l’idéologie du Parti sont aussi créés –. On censure les Arts, la musique ou les sciences selon les besoins du moment; en Allemagne durant le IIIe Reich on refuse la théorie de la relativité de Einstein parce qu’il est Juif.

Le régime totalitaire utilise la terreur : c’est-à-dire qu’il est appuyé par une police politique (Gestapo, KGB) qui infiltre la plupart des organisations pour s’assurer de la loyauté de tous et chacun et de réprimer la dissidence. Les polices et les unités spéciales se multiplient et se concurrencent dans la plus grande confusion. Des purges régulières ordonnées par le chef de l’État, seul point fixe, donnent le tempo d’une société qui élimine par millions sa propre population, se nourrissant en quelque sorte de sa propre chair. Ce programme est appliqué jusqu’à l’absurde, les trains de déportés vers les camps de l’Allemagne Nazie restèrent toujours prioritaires sur les trains de ravitaillement du front alors même que l’armée allemande perdait la guerre.

Le droit est subordonné à la raison d’état, ce qui signifie qu’il n’est plus une façon de limiter le pouvoir de l’État comme c’est le cas dans les démocraties libérales, il sert plutôt à aider les décisions arbitraires des dirigeants. La dévotion au chef et à la nation devient le seul moyen d’exister. Hannah Arendt cite ainsi un rapport russe indiquant qu’au début du stalinisme, quatre soldats étaient nécessaires pour s’assurer d’un prisonnier alors qu’à la fin, un seul soldat pouvait mener vingt prisonniers vers la mort.

L’État totalitaire aspire finalement à contrôler l’économie et à superviser l’entreprise privée pour que l’économie privée soit au service du grand dessin du régime. Ce type d’économie planifiée désire associer la classe ouvrière au régime pour que celle-ci collabore avec l’État.

Pour plus d'information : Hannah Arendt : Les Origines du totalitarisme, Le système totalitaire

Étude de cas : la démocratie en Amérique latine



18 novembre 2006


La démocratie demeure un concept polémique en politique comparée. La tendance prédominante conceptualise la démocratie dans son sens étroit (minimaliste), tel que définie par Lipset, Schumpeter & Huntington.

Deux principales tendances peuvent s’observer. plusieurs auteurs adhèrent à une conception étroite de la démocratie, alors que d’autres défendent une définition beaucoup plus large. Les définitions minimalistes de la démocratie sont souvent associées à Schumpeter (1942), et les définitions maximalistes à MacPherson. Les premières conçoivent la démocratie comme un ensemble de procédures qui permet aux individus d’exercer leur pouvoir dans le processus de prise de décision politique à travers la tenure d’élections ouvertes, libres, justes, et régulières : les leaders sont choisis par voie de suffrage universel. Cette approche met surtout l’accent sur les procédures : les minimalistes considèrent que la tenure d’élections est l’indicateur principal de la démocratie.

D’un autre côté, les définitions maximalistes de la démocratie tiennent comptent de la qualité de la démocratie, notamment en ce qui concerne l’injustice sociale, la participation de la société civile, et l’efficacité relative de la règle de droit. Pour les maximalistes, la démocratie implique un haut niveau d’imputabilité de l’État, ainsi que l’existence de droits sociaux de la citoyenneté. L’approche maximaliste élargit le champ conceptuel de la démocratie en introduisant des considérations d’ordre économique (Yashar), social (Papillon et Turgeon), et, plus récemment, légal (O’Donnell).

D’un point de vue philosophique, les définitions maximalistes présentent un avantage en ce qu’elles tiennent compte de la qualité de la citoyenneté. Cette approche permet de conceptualiser la démocratie par delà ses dimensions procédurales : la démocratie doit correspondre (en pratique) à un ensemble de droits politiques, civiques, et sociaux.

À quoi sert la démocratie si elle existe sur papier mais ne fournit pas un contexte minimal d’égalité des opportunités ou des conditions?

Peut-on même parler de démocratie en l’absence d’un État de droit et de droits socio-économiques?

C’est précisément ici que les définitions maximalistes posent un problème : elles proposent une conceptualisation idéalisée de la démocratie qui en général ne correspond pas à la réalité empirique. Si la démocratie est définie en fonction du niveau de justice sociale atteint, alors elle n’existe en réalité que dans de rares pays, voire exclusivement dans les pays scandinaves.

Autrement dit, les approches maximalistes revêtent un biais normatif : elles sont plus utiles pour comprendre ce que la démocratie devrait être que ce qu’elle est vraiment. D’un point de vue empirique, les définitions minimalistes sont donc plus utiles parce qu’elles sont plus facilement opérationnalisables que les définitions maximalistes.

L’approche minimaliste permet d’identifier des indicateurs concrets pour mesurer la démocratie dans la réalité observable. Pour répondre aux critères minimalistes, la démocratie doit être caractérisée par la tenure d’élections (libres, justes, ouvertes, régulières, et au suffrage universel) et l’existence (sur papier) de droits politiques et civiques. Ainsi, cette approche correspond mieux à la réalité empirique et permet d’identifier plusieurs régimes démocratiques à travers le temps et l’espace.

Une fois que cette base démocratique commune est identifiée, elle peut servir de démocratique à différents endroits et à différents moments de l’histoire. Toutefois, il semble que lorsqu’on la confronte à la réalité, la définition schumpétérienne qualifie de démocratiques des régimes qui ne le sont pas réellement sur le long terme. En fait, la définition, en se fondant uniquement sur la tenue d’élections, sous-tend que celles-ci sont tenues régulièrement selon les termes constitutionnels définis et universellement acceptés. Mais l’expérience connue, par exemple en Amérique latine, montre que les élections n’ont pas nécessairement été décisives pour l’établissement de régimes démocratiques.

Le cas du Mexique est à cet égard particulièrement intéressant. En effet, la légitimité du Partido revolucionario institucional (PRI), parti hégémonique au pouvoir entre 1929 et 2000, étaient justement fondée sur une apparence de démocratie incarnée par la tenue d’élections régulières. Toutefois, un regard un peu plus attentif sur ces élections nous indique qu’il n’y avait vraisemblablement pas de réelle possibilité pour les opposants au PRI d’être élus au gouvernement, rendant du fait caduques les élections tenues.

La démocratie est-elle vraiment « démocratique » sans un certain niveau d’imputabilité de l’État et de participation civile?

Que dire des régimes où les leaders politiques sont choisis par voie de suffrage universel à travers des élections ouvertes, libres, justes, et régulières, mais qui une fois au pouvoir gouvernent avec des pratiques arbitraires à tendances autoritaires en toute impunité (par exemple la pratique du decretismo)?

C’est ce que O’Donnell appelle les « zones brunes » de la démocratie et c’est là que se situe la faiblesse principale de l’approche minimaliste. L’approche minimaliste, parce qu’elle est ancrée dans une perspective statique, ne parvient pas à saisir les nuances entre la théorie et l’exercice de la démocratie.

Les adeptes de cette approche, trop orientés sur le facteur des élections, ont tendance à identifier des régimes démocratiques dans des endroits et à des périodes où la démocratie n’existe que sur papier. Ironiquement, les approches minimalistes ne correspondent pas elles non plus tout à fait à la réalité empirique : elles sont plus utiles pour comprendre ce que la démocratie signifie sur papier qu’en pratique.

En somme, les définitions minimalistes et maximalistes de la démocratie demeurent insatisfaisantes tant d’un point de vue théorique qu’empirique. Il s’agit donc de trouver une position mitoyenne entre ces deux grandes approches, plus satisfaisante aux niveaux théorique et empirique.

La définition la plus complète et utile de la démocratie est celle de Dahl : c’est le concept de polyarchie. Cette def est utile parce qu’elle peut être operationnalisée, c’est a dire qu’on peut identifier des indicateurs pour mesurer si un régime répond ou non aux critères d’une democ. Selon Dahl, la polyarchie est un système politique où les individus peuvent :

  1. Formuler leurs préférences
  2. Les signifier à travers l’action collective ou individuelle, et
  3. Où toutes les préférences sont considérées au même pied d’égalité.

Ces trois opportunités se traduisent par sept garanties institutionnelles qui sont :

  1. Des fonctionnaires élus
  2. Des élections libres et équitables
  3. Un suffrage inclusif
  4. Le droit de se présenter aux élections
  5. La liberté d’expression
  6. Une information alternative
  7. Une autonomie associative

Pour compléter la def de dahl, O’Donnell a proposé d’y ajouter trois garanties institutionnelles :

  1. Les élus ne doivent pas être démis de leurs fonctions avant la fin du mandat qui leur est accordé en vertu de la constitution
  2. Il y a indépendance des élus par rapport à d’autres acteurs
  3. La définition incontestée des délimitations territoriales du droit de vote

Schmitter & Karl proposent une définition qui capte bien l’essence des critères énoncés ci-haut.

La démocratie est un système de gouvernance dans lequel les dirigeants sont responsables (imputables) pour leurs actions dans la sphère publique auprès des citoyens, qui agissent indirectement à travers la compétition et la coopération de leurs représentants élus (avec des élections libres, justes, et régulières).

Cette définition est la plus appropriée pour l’étude des démocraties, puisqu’elle est réaliste sans être trop minimaliste, et qu’elle permet de mesurer la participation, la compétition et l’effectivité du pouvoir. Cette définition permet de parler de démocratie en Amérique latinel y compris les zones brunes (O’Donnell) sans renoncer à la démocratie. Les zones brunes sont les pratiques autoritaires, par exemple règne par décret- (décrétismo).

Dans ces « zones brunes », des pouvoirs qui ne reconnaissent ni les citoyens ni l’imputabilité sont créés, et ces pouvoirs se reproduisent d’eux-mêmes à travers des procédures qui nient ces deux composantes de la démocratie. Chavez est excellent un exemple d’une zone brune de la démocratie. Élu démocratiquement mais passe des réformes (nationalisation du pétrole) qu’il décrète sans passer par l’appareil politique démocratique (l’assemblée nationale)

Plusieurs auteurs sur l’Amérique latine (Oxhorn, Holston & Caldeira, O’Donnell, Mendez & Pinheiro) qui s’intéressent à la consolidation des démocraties, à la qualité de la démocratie, s’entendent pour dire que le processus de démocratisation en Amérique latine est incomplet : pas de droits sociaux, mais surtout pas de démocratisation de l’état de droit.

Holston & Caldeira parlent de « disjunctive democracy » en référence à la faiblesse de la citoyenneté civile au Brésil.

Oxhorn parle de « Limited Citizenship », et fait remarquer que ce ne sont pas seulement les droits sociaux qui sont précaires, mais aussi les droits civiques et la citoyenneté civile. Paradoxe des droits en Amérique latine depuis la transition à la démocratie : plus de droits politiques, mais pas les pleins droits civiques et moins de droits sociaux.

Les droits civiques impliquent le droit au bon et juste fonctionnement de la règle de droit basée sur l’égalité de tous devant la loi. Le citoyen a le droit de ne pas être discriminé en fonction de critères arbitraires tels que sa race, son ethnicité, son sexe, sa classe sociale, sa religion, ou ses orientations sexuelles.

Les droits de la citoyenneté sont ancrés dans la règle de droit démocratique et sont dérivés des principes d’impartialité, d’accessibilité, d’universalité, et de légalité. Dans un régime politique ou la règle de droit est forte et démocratique, les droits politiques, civiques, et sociaux de la citoyenneté sont pleinement octroyés à tous les segments de la société et les institutions légales garantissent que « personne n’est au-dessus de la loi et que personne ne devrait être condamné ou sanctionné légalement à l’extérieur des procédures légales ».

Concrètement, cela veut dire qu’en pratique et en théorie tous les citoyens sont égaux devant la loi, et ceux qui opèrent a l’extérieur des canaux légaux seront sanctionnés. Règle de droit démocratique définie par Holston & Caldeira en fonction de 4 critères :

  1. Universalité
  2. Accès
  3. Légalité
  4. Impartialité (« fairness »)

Mais ceci n’est malheureusement pas le cas en Amérique latine aujourd’hui.

Pour plus d'information : Politics of Latin America : The Power Game

La doctrine nucléaire sous Reagan



17 novembre 2006


Le sous-secrétaire adjoint aux affaires nucléaires, T.K. Jones, a affirmé en 1981 :

« Les États-Unis pourraient se remettre d’une guerre nucléaire totale avec l’URSS en 2 ou 3 ans… La guerre nucléaire n’est pas aussi dévastatrice qu’on nous l’a fait croire. En fait, s’il y a assez de pelles, tout le monde s’en sortira. Il suffit de creuser un trou dans le sol, de le recouvrir d’une porte et de mettre deux ou trois pieds de terre par dessus. C’est là la clé du succès. »





Lorsqu’on lui a posé la question, le directeur de l’Arms Control Agency, Eugene Rostow a dit en 1981:

« La race humaine est très résistante. Certains prévoient qu’une guerre nucléaire limitée causerait la mort de 10 millions de personnes d’un côté et de 100 millions de l’autre. Mais ce n’est pas là la totalité de la population. »

« Le public pense que la guerre nucléaire signifierait la fin du monde alors qu’en fait, il n’y aurait que 500 millions de morts. »
Un capitaine de la marine américaine en 1982






Un des principaux conseillers du président Reagan en ce qui concerne l’URSS, Richard Pipes (professeur à Harvard) a affirmé, quant à lui en 1981:

« Il n’y a pas d’alternative à la guerre avec l’URSS si les Russes n'abandonnent pas le communisme. »

« En ce moment, la probabilité d’une guerre nucléaire avec l’URSS est de 40 % et notre stratégie est de gagner une telle guerre. »

The Manchurian Candidate (1962)



16 novembre 2006


Coates, Ivan. « Enforcing the Cold War Consensus : McCarthyism, Liberalism, and The Manchurian Candidate ». Australasian Journal of American Studies, 12 (July 1993)


En analysant le film The Manchurian Candidate – une histoire fictive portant sur la capture d'un soldat américain et son lavage de cerveau pratiqué par des communistes –, Ivan Coates estime que cette œuvre cinématographique n'atteint pas son objectif initial, celui de réprouver le maccarthysme, dans la mesure où elle représente davantage le consensus de la guerre froide et évite de critiquer en profondeur la société américaine. Si ce film réalisé en 1962 par John Frankenheimer, prétend être une critique de ceux qui tentent de contrôler la vie de leurs semblables, à l'exemple de McCarthy, il met pourtant en scène ce qu'il est censé condamner en construisant une structure antithétique qui vient contrôler l'opinion de l'auditoire, au lieu de laisser place au libre arbitre de chacun. En effet, relève Coates, The Manchurian Candidate présente une vision dichotomique, voire manichéenne, du monde, à savoir États-Unis/Union soviétique, Américain/un-American, chrétien/athée, pur/impur, altruisme/intérêts personnels, bon/mauvais, et caetera.

En dépit de sa condamnation implicite de la paranoïa qu'ont engendrée le maccarthysme et sa rhétorique simplificatrice, ce film utilise des outils semblables à ceux employés par McCarthy :
« it suggests that communists are everywhere, can go anywhere, be anyone, infiltrate to the highest levels, manipulate the press and inflict terrible damage upon the United States. »

De plus et selon Coates, si cette œuvre cinématographique incite l'auditoire à ne pas se fier aux apparences qui s'avèrent trompeuses, elle ne scrute pourtant pas en profondeur la société américaine et fait appel aussi à plusieurs stéréotypes : d'un côté, elle valorise les qualités inhérentes à un « vrai Américain » tandis que de l'autre, elle expose le prétendu aspect inhumain d'un communiste. Le film de Frankenheimer est donc moins une attaque contre le maccarthysme qu'une démonstration du consensus de la guerre froide; soulignons que la meilleure représentation du maccarthysme se situe dans la séquence du film où Thomas Jordan observe que madame Iselin impute le qualificatif de communiste à toute personne qui est en désaccord avec ce qu'elle conçoit.

L'auteur stipule que plusieurs stéréotypes sont représentés dans le film : d'abord, le bien-fondé des attaques américaines contre la subversion communiste est démontré en raison de ces scientifiques communistes qui programment le cerveau d'un soldat américain pour qu'il assassine le président des États-Unis; de plus, le communisme est perçu comme un bloc monolithique et finalement, les communistes américains semblent obéir au doigt et à l'œil aux ordres émanant de l'URSS. En outre, le communiste est montré comme un être froid et amoral, hypocrite et sans âme tandis que le « vrai Américain » est une personne sincère et franche, fidèle, remplie d'amour et de respect envers autrui. Cette vision de la vraie nature américaine évoque celle qu'adoptait l'administration Kennedy :
« an egalitarian and unified America, in which all will voluntarily make sacrifice and work together for a better world, leader and led alike. »

Paradoxalement, Frankenheimer critique l'obéissance sans borne à son supérieur dans le monde communiste, mais l'approuve au sein de la société américaine :
« when his colonel makes it clear that it is an official order, he acquiesces totally, then salutes his superior officer unsolicitedly, patriotically and respectfully. »

En dernier lieu, compte tenu que ce film est réalisé dans le cadre de la « bonne » façon de penser de l'époque (pattern beliefs), l'auteur en conclut que
« it fails to question it own premises and therefore erodes its own thesis at various point […] [and] despite the film's urging of its viewers to look below the surface, it does not scrutinise itself or the United States very thoroughly. »

Les apparences



22 février 2006


A married man was having an affair with his secretary.

One day, their passions overcame them and they took off for her house, where theymade passionate love all afternoon.

Exhausted from the wild sex, they fell asleep, awakening around 8:00 PM.

As the man threw on his clothes, he told the woman to take his shoes outside and rub them through thegrass and dirt.

Mystified, she nonetheless complied. He slipped into his shoes and drove home.

« Where have you been? » demanded his wife when he entered the House.

« Darling, I can't lie to you. I've been having an affair with my secretary and we've been having sex all afternoon. I fell asleep and didn't wake up until eight o'clock. »

The wife glanced down at his shoes and said,

« You lying bastard! You've been playing golf! »

Comme quoi les apparences sont souvent trompeuses!

Le chantage à l'islamophobie



17 février 2006


Voici un extrait d'un texte très intéressant du philosophe français Pascal Bruckner sur les récentes caricatures danoises et des réactions qu'elles ont suscités à l'intérieur du monde musulman.

« L'islam est intouchable: le critiquer ou le soupçonner, c'est faire preuve de racisme. Telle est la nouvelle vulgate que tente d'accréditer un certain nombre de médias et de chercheurs et une partie des dirigeants politiques. De quoi s'agit-il en l'occurrence? De soustraire la religion coranique à l'épreuve que subissent, depuis longtemps, les deux autres monothéismes existants: l'épreuve de la remise en cause. [...]

En France, on peut chaque jour, notamment aux «Guignols de l'info» «bouffer du curé», se moquer du Pape, de Mère Teresa, du dalaï-lama, mais jamais de l'islam, sous peine d'être accusé de racisme. Pourquoi ce «deux poids, deux mesures»? [...]

Contester un système de pensée ou de croyances, rejeter des idées, des convictions que l'on juge, à tort ou à raison, fausses ou dangereuses, est à la base même de la vie intellectuelle et de la libre délibération.

Faut-il parler alors de racisme anticapitaliste, antilibéral, antisocialiste, antimarxiste?

On a parfaitement le droit, jusqu'à preuve du contraire, de vomir les religions dans leur ensemble, de les juger mensongères, abrutissantes, abêtissantes. Ou alors faut-il rétablir le crime de blasphème comme il y a peu avec Salman Rushdie? [...]

Coupables, les beurettes qui veulent s'affranchir du voile, coupables tous ces enfants d'immigrés qui réclament le droit à l'indifférence religieuse, le droit de ne croire en rien et ne se sentent pas automatiquement musulmans parce qu'ils sont d'ascendance marocaine, algérienne ou tunisienne?

L'invention de l'islamophobie remplit plusieurs fonctions: nier, pour mieux la légitimer, la réalité d'une offensive islamiste en Europe, intimider, faire taire les mauvais musulmans, les impies soucieux de changement et au final bloquer tout espoir d'une mutation religieuse en terre d'islam.

Il s'agit donc de réhabiliter le délit d'opinion afin de clouer le bec aux contradicteurs et déplacer la question du plan intellectuel au plan pénal, toute objection ou réticence étant immédiatement passible de poursuites. Nous assistons bien à la fabrication d'un nouveau délit analogue à ce qui se faisait jadis dans l'ex-Union soviétique contre les ennemis du peuple. [...]

L'islam fait partie du paysage français; il a droit à ce titre à la reconnaissance publique et au respect; à condition qu'il respecte lui-même les règles républicaines et ne réclame pas des droits séparés, dérogations pour les femmes, faveurs et privilèges divers.

Ce qu'on peut lui souhaiter de mieux, ce n'est pas la «phobie» ou la «philie» mais l'indifférence bienveillante dans un marché de la spiritualité ouvert à toutes les croyances.

S'il ne veut plus souffrir de suspicion, il devra s'engager dans un type de réforme aussi radicale que celle opérée par les catholiques et les protestants au cours du siècle écoulé. Jusque-là, il restera, y compris pour les musulmans modérés, l'objet d'une prudence légitime.

Il y a quelque chose d'ahurissant à voir une «organisation antiraciste» criminaliser les adversaires du fanatisme et de la superstition. Si Voltaire vivait aujourd'hui, gageons que certains «antiracistes» le feraient jeter en prison. »

"Dieu est à la mode. Raison de plus pour le laisser aux abrutis qui la suivent."



16 février 2006


La Pologne vient d'élire un gouvernement ultra catholique qui veut défendre les valeurs traditionnelles, c'est-à-dire « mettre en place un État tout-puissant au service des valeurs chrétiennes conservatrices. En Occident, l'influence de l'Église et de la religion est en chute libre, sur le plan aussi bien individuel que familial et public. Ce n'est pas ce que je souhaite pour la Pologne", a dit le nouveau chef, qui est très près de l'Opus Dei.

En 1789, la Révolution française a mis fin au système social traditionnel et au mode de vie d'Ancien Régime. Le catholicisme (avec son droit canonique, son dogme) va être mis en dehors de l'État de façon particulière, c'est-à-dire que les liens de l'Église avec le pouvoir sont mis en cause et cette Église va être implicitement laïcisée, en application du principe selon lequel seule la volonté nationale peut créer le droit.

Je me demande si nous vivons bel et bien au 21e siècle. Pour ma part, je suis athée. Je ne désire pas prouver l'existence ou l'inexistence d'une divinité quelconque. C'est une question, à mon avis, qui ne doit pas se poser.

Mon frère... euh mon ennemi?





I was walking across a bridge one day, and I saw a man standing on the edge, about to jump off. So I ran over and said "Stop! Don't do it!"

"Why shouldn't I?" he said. "

Well, there's so much to live for!"

"Like what?"

"Well... are you religious?"

He said yes. I said, "Me too! Are you Christian or Buddhist?"

"Christian!"

"Me too! Are you Catholic or Protestant?"

"Protestant."

"Me too! Are you Episcopalian or Baptist?"

"Baptist."

"Wow! Me too! Are you Baptist Church of God or Baptist Church of the Lord?"

"Baptist Church of God!"

"Me too! Are you original Baptist Church of God, or are you reformed Baptist Church of God?"

"Reformed Baptist Church of God!"

"Me too! Are you Reformed Baptist Church of God, reformation of 1879, or Reformed Baptist Church of God, reformation of 1915?"

He said, "Reformed Baptist Church of God, reformation of 1915!"

I said, "Die, heretic scum", and pushed him off."

La cuisine des Khmers



15 février 2006


Voulant faire oeuvre de mémoire, un jeune homme d'affaires de Phnom Penh a mis à l'essai, l'automne dernier, un café ne servant qu'un seul repas, celui du peuple cambodgien sous le règne des Khmers rouges : un bol d'eau grise où flottent des grains de riz et de maïs, et une soucoupe de gros sel. Situé en face du Musée de Tuol Sleng, qui abritait un centre de torture sous Pol Pot, le Café History a toutefois dû fermer ses portes en raison de l'indignation qu'il a soulevée parmi le population et les dirigeants du pays. Le propriétaire a tout de même maintenu sa demande de permis.

Source : L'actualité (1er mars 2006), p. 76

Émotions



09 février 2006


« Les hommes ne parlent pas des émotions. Ils ne les comprennent pas. »


Larry McMurtry, écrivain qui a acheté les droits de la nouvelle Brokeback Mountain et a écrit le scénario du film.

La religion



08 février 2006


La religion est le pire fléau que l'homme ait inventé. À moins que vous soyez resté six pieds sous terre pendant la dernière semaine, vous avez sûrement entendu parler des caricatures publiées par un journal danois et reprises par certains journaux européens (France) qui ont engendré plusieurs manifestations violentes dans le monde islamique. L'Iran a menacé de rompre ses relations commerciales avec le Danemark. L'Iran est définitivement un État islamique où la notion de la séparation de l'Église et de l'État n'est pas pratiquée.

Les islamistes veulent maintenant des excuses. Ai-je bien entendu?? S'excuser auprès des islamistes équivaudrait à fermer les SAQ parce que cela va à l'encontre des convictions musulmanes.

Pour voir les fameuses caricatures :

http://blog.mikkeltscherning.dk/index.php/2006/01/30/muhammed-drawings

Commentaire pertinent que j'ai lu sur le site ci-dessus :

« I don't really understand all this fuss. I'm a Muslim, and i don't get it why all these people get upset, chill, it's just a joke. I don't care if other people make fun of our religion, we do too! How many times haven't people made fun of Jesus? It's enough that I have something to believe in, and i couldn't care less that other don't believe in the same thing as me. I can't understand christianity, and christian people can't understand islam. So what, we don't understand each others faith! That's why we have different religions… enough about that. »

Les expériences humaines



03 février 2006


  • En 1938, Neville Chamberlain, Premier ministre britannique, croit avoir apporté une « paix honorable » (peace with honour) et la « paix pour notre temps » en signant un accord avec le chancelier du Troisième Reich Adolf Hitler. Connu sous le nom des accords de Munich de sinistre mémoire, ce traité réglait pacifiquement la question des Allemands de la région des Sudètes en Tchécoslovaquie et, croyait-on, mettait un terme aux visées expansionnistes de l'Allemagne. L'histoire démontre que Chamberlain a eu tort et plusieurs hommes politiques se souviendront de Munich et de l'impossibilité de négocier avec des dictateurs.
  • Lors de la mise en place progressive d'une intervention militaire au Viêt-nam entre 1961-1963, John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, ne veut pas répéter les erreurs de Neville Chamberlain, alors Premier ministre du Royaume-Uni, lors de la conférence de Munich. Kennedy perçoit une similitude entre la force totalitaire qui s'installe au Viêt-nam, c'est-à-dire le communisme, et le nazisme de l'époque de Chamberlain. Ainsi croit-il « [qu'il] est indispensable, pour éviter une catastrophe ultérieure, de ne chercher aucun compromis avec l'agresseur et de s'opposer sans faiblesse à ses initiatives. » (Portes, p. 67)
  • La leçon de Munich ayant été appliquée auparavant en Europe occidentale et en Corée, le Président croit donc qu'elle est valable aussi pour le Viêt-nam puisque le même scénario semble se répéter. De plus, à sa politique de la « nouvelle frontière », Kennedy jumelle le slogan « Remettons le pays en marche » et promet d'appliquer une politique étrangère plus agressive que celle de ses prédécesseurs. Profondément marqué par une vision manichéenne du monde, Kennedy perçoit le conflit vietnamien comme l'affrontement de deux idéologies, cependant l'erreur commise est d'ignorer par le fait même d'autres aspects qu'ils soient nationaux, traditionnels ou économiques.
Je n'attribue pas l'entière responsabilité du « bourbier » vietnamien à la seule personne de Kennedy, mais je crois que c'est sous sa présidence que l'engrenage de la mise en place d'une intervention militaire est déclenché. Doit-on uniquement juger du présent à la lumière des événements passés? L'exemple ci-dessus y répond par la négative : Kennedy s'est trompé, l'analogie entre le Troisième Reich hitlérien et la force communiste au Viêt-nam s'est avérée erronée. Mais un exemple ne fait pas une théorie. Réfléchissez quelques instants à vos expériences personnelles ou encore à ceux du monde qui vous entoure. Pour ma part, je vous propose trois exemples qui démontrent que les événements du passé ne sont que rarement utilisés à bon escient :
  • Kennedy était un farouche anticommuniste, il utilisa la symbolique de Munich pour démontrer la nécessité d'intervenir au Viêt-nam.
  • La Guerre du Kippour s'est déroulée du 6 octobre 1973 au 24 octobre de la même année entre Israël et une coalition menée par l'Égypte et la Syrie. Cette quatrième guerre israélo-arabe mena au début de la Crise économique de 1973. Cette crise n'est pas sans rappeler celle de 1929, c'est-à-dire que les signes avant-coureurs ont apparu quelques années avant le crash. Entre 1971 et 1973, les marchés sont en voie de saturation, on observe un ralentissement de la production, un progrès du chômage et une augmentation de l'inflation. Malgré l'expérience de 1929, les économistes et les hommes politiques n'ont pas su prévenir la crise de 1973
  • En paraphrasant le général Dallaire, le génocide rwandais raconte l'incapacité de l'humanité à entendre l'appel à l'aide lancé par un peuple en danger. Pourtant, en 1945 les grandes puissances mondiales avaient conclu qu'aucun peuple ne devait subir le même sort que celui des Juifs. Il y a eu le génocide de Pol Pot et des Kmers Rouges, le Rwanda...
L'être humain oublie vite et il utilise souvent les événements du passé uniquement lorsqu'il en retire des bénéfices notables. La sagesse s'acquiert notamment lorsqu'un individu apprend de ses expériences (bonnes ou mauvaises) et lorsqu'ils les utilisent pour améliorer son présent (dans le cas d'un individu ordinaire) ou celui des autres (hommes politiques par exemple). Être sage s'est aussi savoir interpréter les événements non pas à notre avantage, mais bien le plus objectivement possible. Il faut aussi savoir relativiser l'événement en le mettant en relation avec quelque chose du même genre ou en le plaçant dans un contexte. Finalement, il est primordial de savoir user de la dialectique, soit l'art de raisonner, de discourir en utilisant une méthode d'analyse de la réalité qui met en évidence ses contradictions et cherche à les dépasser et d'utiliser parfois le processus dialogique, c'est-à-dire recourir au dialogue lorsqu'une situation implique plus d'un protagoniste

Pour compléter cette réflexion sur les expériences humaines, peut-on dire que nous sommes uniquement la somme de nos expériences? Est-ce que ce que je suis présentement est directement relié à ce que j'ai vécu durant les premières vingt-deux années de ma vie? Je suis ce que je suis. Point. Mes expériences passées m'ont certes influencé et amené vers quelque chose, mais il ne sont pas MOI. Si je soustraits mes pensées, ma personnalité, mon intellect, mon vécu, je suis tout de même moi. Si j'avais eu un passé différent, mon présent ne serait pas le même. Je veux bien accepter de porter des fringues, mais qu'on ne vienne pas tenter de me convaincre qu'ils sont moi.

Kershaw, Ian. Hitler. Paris, Flammarion, 1999-2000. 2 volumes.

Portes, Jacques. Les Américains et la guerre du Vietnam. Bruxelles, Éditions Complexe, 1993. 358 pages.

Fait et principe



30 janvier 2006


Un petit gars s'en va voir son père et il lui demande : « Papa, c'est quoi la différence entre un fait et un principe? »

Son père lui répond : « Va demander à ta soeur si elle coucherait avec un homme pour 25 000$. »

Le petit gars va demander à sa soeur, il revient voir son père et il lui dit que sa soeur accepterait.

Son père lui dit alors : « Demande la même chose à ta mère. »

Le petit gars demande la même chose à sa mère et celle-ci accepterait aussi.

Son père lui répond finalement : « en principe on aurait 50 000$, mais en fait on a deux salopes dans la maison!! »

Des phrases qui m'ont fait réagir



29 janvier 2006


  • « Nous vivons dans une société de plus en plus complexe. » (bulletin de nouvelles à RDI.)

Cette phrase je l'entends souvent et elle m'énerve! Société plus complexe par rapport à qui, à quelle époque?; plus complexe que le Québec d'il y a cinquante ans? ou de l'Afrique présentement? En tout cas, on peut faire beaucoup de suppositions. Selon moi, cela traduit en quelque sorte un sentiment de supériorité des sociétés occidentales contemporaines. Nous sommes toujours meilleurs que les générations qui nous ont précédés et que les sociétés d'antan.

La société québécoise des années trente est tout aussi complexe que celle d'aujourd'hui. Élever une dizaine d'enfants à laquelle se joignaient souvent des membres de la famille élargie (grands-parents, oncle, tante, etc.) demandait beaucoup d'organisation.

La société Égyptienne sous le règne des pharaons Amon Râ ou Hapchetsout (plus ou moins deux milles ans avant Jésus-Chris) est très complexe. Elle est façonnée d'après les buts et les méthodes de la monarchie : une masse de petites gens travaillent sans répit pour nourrir les serviteurs du roi, auquel tout aboutit. Le travailleur n'est ni esclave, ni vraiment serf, il est attaché au "champ du pharaon". On retrouve aussi des artisans, des travailleurs manuels, des artistes, des soldats et des castes privilégiées. C'est une société hiérarchisée qui repose sur un État bureaucratique.

  • « On n'aurait pas pu faire mieux. » (Liza Frulla, candidate libérale dans Jeanne LeBer.)

Candidate défaite, Liza Frulla ne veut pas avouer sa défaite. Il me semble que si tu ne gagnes pas c'est que tu aurais pu faire mieux. Une réponse qui m'aurait satisfait et qui aurait fait contraste avec la langue de bois des politiciens : « Je me suis reposé sur mes lauriers ». Certes, madame Frulla avait gagné la dernière élection par seulement soixante-dix voix. Cependant, Jeanne LeBer, qui comprend en grande partie la municipalité de Verdun, est un comté très libéral, et ce, autant au fédéral et au provincial. Madame Frulla a beaucoup plus de ressources financières (elle était ministre) et d'expérience politique que le candidat bloquiste Thierry St-Cyr, mais celui-ci a réussi à se rapprocher de la population ouvrière et allophone du comté.

Cela m'amène à un deuxième point. Peu importe mon allégeance politique, je déteste la langue de bois des politiciens et peut-être que ça explique le cynisme des citoyens canadiens envers la politique. En dehors de l'élection fédérale, les analystes politiques devront se pencher sur deux problèmes d'envergures : la diminution constante du taux de participation aux élections (un phénomène certes occidental) et le peu de confiance que les gens ont envers leurs politiciens. Quand s'est rendu qu'un vendeur d'un produit X (je ne veux pas rentrer dans les préjugés) a plus de crédibilité, la classe politique à un sérieux problème!

  • « Selon vous, quel est le meilleur gardien de but de la LNH? Choisissez entre ces quatre candidats. » (Sondage RDS.)

Je déteste ce genre de sondage, même si je comprends qu'on ne peut pas mettre tous les choix possibles. Qu'arrive-t-il si moi je considère que le meilleur gardien but est M. X est qu'il n'est pas dans la liste. En faisant un choix de quatre candidats parmi une liste de soixante possibilités (deux gardiens par équipe), l'équipe de sondeurs "dirige" en quelque sorte la réponse des auditeurs. En d'autres mots, selon eux, le meilleur gardien est un des quatre candidats proposés.

  • « Stephen Harper est un politicien de droite. Il faut en avoir peur. » (entendu à maintes reprises durant la campagne électorale.)

Plusieurs seront peut-être en désaccord avec moi, mais je ne considère pas nécessairement un conservateur comme un homme de tendance politique à droite. Faisons un peu d'histoire. Les termes "droite" et "gauche" remontent à la Révoution française. Au moment des premières discussions constitutionnelles, les partisans du pouvoir royal se sont assis à droite tandis que les opposants au droit de véto royal sont situés à gauche de l'hémicycle. Aujourd'hui, le mot droite n'est pas uniquement associé au conservatisme. En France, par exemple, la droite peut être libérale, nationaliste, conservatrice, souverainiste, démocrate-chrétienne, populiste ou encore radicale (au sens politique du terme). En général, la gauche désigne les mouvements qualifiés de progressistes. La gauche comprend généralement la social-démocratie, le socialisme, le communisme ou l'anarchisme. Le terme "droite" possède également des connotations liées à la rigueur morale (droiture, rectitude...) celui de "gauche" en ayant de moins favorables (être "gauche", sinistre...).

Souvent les gens qui disent que Harper est à droite, ils le disent au sens où il faut en avoir peur. J'aime mieux un conservateur avoué (Harper) qu'un conservateur qui se prétend libéral (Charest). Il faut aussi faire la distinction entre le conservatisme économique (contre une trop grande intervention étatique) et le conservatisme moral (conserver les valeurs traditionnelles comme la famille, le mariage, etc.). Tout n'est pas blanc ou noir. Certains libéraux ont voté contre le mariage entre conjoints du même sexe et d'autres sont en faveur d'un retrait de l'État dans certains secteurs de l'économie. Harper n'est certes pas le plus à droite de son parti. Laissons la chance au coureur avant de juger si George W. Bush a vraiment obtenu un allié.

  • « Le Québec est une société matriarcale et féminisée. » (Pierre Mailloux (le doc) le répète plusieurs fois par semaine sur les ondes de chorus média (CKAC).)

Si les jeunes hommes sont comme si, si la société québécoise est comme ça c'est parce que le Québec est une société matriarcale qui a, en plus, subi la révolte féministe des années 60-70. Le Doc Mailloux exagère souvent. Effectivement, les taux de suicide et de décrochage scolaire sont plus élevés chez les jeunes hommes québécois comparativement aux jeunes filles. Il y a aussi le phénomène "Horloge biologique" ou "les Invincibles" où l'homme est dépeint comme un être fuyant ses responsabilités. Les femmes ne sont pas responsables de tous les maux de la société. Leur "révolte" a été bénéfique pour eux et pour l'ensemble de la société.

Mieux vaut en rire!



28 janvier 2006


Un pessimiste et un optimiste marchent dans la rue. "Les choses vont super mal, dit le pessimiste. On a touché le fond du baril, on ne peut pas s'enfoncer davantage." "Ah oui, on peut", répond l'optimiste.

Comment votez-vous?



27 janvier 2006


Je l'avoue j'ai voté pour le Bloc québécois parce que je crois à la souveraineté du Québec. Le NPD (avec en tête d'affiche le prof Léo-Paul Lauzon dans Outremont) représente peut-être davantage mon idée de la justice sociale, mais c'est un parti beaucoup trop centralisateur qui a fait confiance à Paul Martin en votant en faveur de son budget.

La région de Québec est bleue. Malheureusement, elle l'est en deux teintes : conservateur et bloquiste. Je ne suis pas Jean-Marc Léger et encore moins un sondeur professionnel, mais j'ai observé deux tendances lors de ces élections fédérales. D'abord, la bataille ne se fera pas entre l'Est et l'Ouest du Canada, mais bien entre régions rurales et urbaines. En effet, les conservateurs n'ont élu AUCUN député dans les trois plus grandes villes canadiennes (Toronto, Montréal et Vancouver). Grosso modo, un tiers de la population canadienne ne sera pas représenté!!

Ma deuxième réflexion, qui est moins vérifiable, est la façon dont les gens ont voté. Je crois que de plus en plus (où est-ce de tout temps?) les gens votent "contre" quelque chose. Moi j'ai voté POUR la souveraineté. Mais soyez honnêtes, ceux qui ont voté pour le parti conservateur ont en fait voté contre le parti libéral. Cette même logique s'applique pour le Bloc québécois. Si tous ceux qui ont voté Bloc québécois l'avaient fait POUR le Bloc, la souveraineté passerait, comme le dit Richard Martineau, « les doigts dans le nez. »

« L'important, lorsque vous êtes en politique, c'est de durer. Si vous durez assez longtemps, les gens vont finir par vous élire. Pas parce qu'ils sont pour vos idées, mais parce qu'ils sont contre celles de vos adversaires. C'est ce qui risque d'arriver avec Mario Dumont. Un jour, on va l'élire chef du gouvernement. Pas parce qu'on sera pour l'ADQ, mais parce qu'on sera contre le PQ et le PLQ. » Richad Martineau, Tout contre

Il est grand temps d'adopter un scrutin proportionnel plurinominal. Il existe plusieurs variantes et je ne rentrerai pas dans les détails, car il existe plusieurs livres sur le sujet. Pour vous donner une meilleure idée, je vous présente une liste d'avantages et d'inconvénients de ce genre de scrutin. Sachez que je rejette d'emblée le projet amené par le gouvernement Charest puisqu'il avantage uniquement les "gros" partis.

Avantages :
  • Le système de liste à représentation proportionnelle permet à chaque parti politique d'obtenir un nombre de sièges proportionnel au nombre de voix. C'est pourquoi il peut sembler plus juste que le système majoritaire, car il rend impossible la prédominance exclusive d'une formation politique qui n'aurait pas le soutien d'une majorité dans le pays. Pour le philosophe et politologue Alain, cette vision reste théorique, car qu'il y ait proportionnalité ou non dans la représentation, la majorité reste bel et bien seule à emporter les décisions, ce qui ne change donc rien in fine.
  • Si le seuil est raisonnable, il permet une représentation des petits partis.
  • Reflétant davantage la diversité de l'électorat, le résultat est plus facilement accepté par les électeurs.
  • La constitution d'un parlement à plusieurs partis incite à la création de gouvernement de coalition : c'est souvent un facteur de stabilité et de modération.
Inconvénients :
  • Le gouvernement de coalition rend plus difficile la mise en place de grandes réformes.
  • Un des désavantages certains du scrutin proportionnel est qu'il morcèle le paysage politique
  • La représentativité des petits partis peut devenir une plateforme pour des partis extrémistes qui peuvent même devenir des voix déterminantes dans des gouvernements de coalition.
  • Contrairement au vote uninominal par circonscription, le lien est faible entre l'élu et l'électeur, celui-ci ayant voté pour une liste et non une personne.
  • La création de listes bloquées donne un grand pouvoir aux chefs de partis qui seuls décident de l'ordre des candidats dans sa liste et peut créer un système de dictature à l'intérieur d'un parti (d'où l'intérêt de la variante).
  • Enfin, le système de répartition des voix est souvent peu lisible pour l'électeur mal averti et risque de rendre ce système de vote peu populaire.

Finalement, à tous ceux qui détestent la politique, vous n'avez pas fini d'en entendre parler. À mon avis, le gouvernement minoritaire de M. Harper ne durera pas plus longtemps que celui de M. Martin, d'autant plus que les conservateurs ont obtenu moins de sièges que le gouvernement précédent.

2005... 2006...



26 janvier 2006


Un événement majeur a traversé nos vies. Roulement de tambour.... NOUS SOMMES EN 2006!!! En 2005 on pouvait au moins célébrer euh le centième anniversaire de l'introduction de l'Alberta et de la Saskatchewan dans la Confédération canadienne...

Même si beaucoup de gens le font (en m'incluant), quoi de plus pathétique que de fêter la nouvelle année ou encore la fin de l'année. Des résolutions que personne ne respecte et des promesses qui ne se réalisent jamais. Voilà les vrais enjeux de la fête du Nouvel An!

Si j'ai à retenir une seule chose de 2005, la "vraie" vie se déroule maintenant en direct à la télévision et sur Internet : météo déchaînée, grippe aviaire, scandales politiques, attentats terroristes, biographies révélatrices, etc.

La Nouvelle-Orléans sera reconstruite. L'Union européenne n'aura pas de Constitution, mais la Communauté ne semble pas pour autant menacée. Le prix du pétrole a monté, mais tous (en m'excluant) semblent accepter le prix qui tourne autour de 1$ le litre. On a regardé la révolution orange en Ukraine sur nos écrans ainsi que l'enlisement du processus de paix en Palestine.

On a fêté le 60e anniversaire (j'ai de la difficulté avec ce mot) du débarquement en Normandie - et du massacre des Juifs dans les camps de concentration de l'Allemagne nazie -, mais je ne crois pas que l'homme soit devenu en 2005 un meilleur ami de l'homme. Il est toujours la seule espèce à être capable de s'anéantir par elle-même.

Au Québec, en 2005 la vraie vie se passe aussi dans les médias. Appartenez-vous au Clan L (Lepage) ou au Clan S (Snyder) le dimanche? Dans ma famille, la question ne se pose pas. Ils appartiennent au Clan LS. Mon père divise l'écran de la Télévision pour écouter simultanément Guy A et Star Ac et ma mère écoute l'émission de Télé réalité la plus populaire de l'heure avec ma soeur tandis que celle-ci enregistre Tout le monde en parle. Une vraie famille des compromis!

En 2005, la revanche est un plat qui se mange froid même si le Doc Mailloux croit que celle-ci peut se manger chaud, mais le Québec est une société trop matriarcale et trop féminisée (avec trop de Noirs aussi M. Mailloux?). En effet, on a eu le droit d'assister à la revanche des agressés. Mesdames vous voulez être riches? Si votre père est une personnalité connue au Québec et s'il vous a agressé dans votre jeunesse, écrivez un livre et devenez millionnaire!! Les filles du boxeur Dave Hilton dénoncent leur père abusif, Nathalie Simard sort des boules à mites et Guy Cloutier a finalement ce qu'il mérite. Paul Arcand, notre Michael Moore québécois, défend les abuseurs d'enfants dans un documentaire choc, Sophie Chiasson dans le coin droit contre Jeff Fillion dans le coin gauche (c'est la première fois que j'associe Jeff Fillion et le mot gauche!) et Jacques Demers (un autre qui a eu une enfance difficile) ne sait pas lire et l'annonce dans un livre de 600 pages!!

Si tout a paru rentrer dans l'ordre, rien n'a réellement bougé. Comme le souligne Benoît Aubin, « C'est peut-être là le paradoxe qui définit le mieux l'expérience de 2005 : une hyper-conscience hautement médiatisée des idées, des débats et des problèmes de l'heure n'entraîne pas forcément de changement - souhaité ou appréhendé. » (Aubin, p. 33)

2006 débute avec l'élection d'un gouvernement minoritaire conservateur. 8 ou 9 (le nombre exact m'échappe) débutés conservateurs ont été élus au Québec ce qui constitue le plus au total depuis l'époque de Brian Mulroney! Je crois qu'Eric Hobsbawm a raison lorsqu'il écrit que « la plupart des êtres humains fonctionnent comme des historiens : ils ne reconnaissent la nature de leur expérience qu'après-coup. » (Hobsbawm, p. 341)


Aubin, Benoît. « Bye-bye 2005 ». L'Actualité, vol 31, no 11, janvier 2006, p. 30-34.

Hobsbawm, Eric J. L'Âge des extrêmes : Histoire du Court XXe Siècle. Paris, Éditions Complexe, 2003 [1994]. 810 pages.

Citation



23 novembre 2005


Neutrality does not exist in the face of murder. Doing nothing to stop it is, in fact, choosing. It is not being neutral.

No man's land

Montaigne avait raison



17 novembre 2005


« C'est une hardiesse dangereuse et de conséquence, outre l'absurde témérité qu'elle traîne quant et soi, de mépriser ce que nous ne concevons pas. »

Montaigne, Essais, I, 27.

Passions



16 novembre 2005


Nous croyons, à tort, que la ou les causes de nos passions s'expliquent difficilement. Erreur! Tousser ne réglera pas notre toux. En avalant notre salive, nous nous empêchons de tousser. Voilà le miracle des pastilles! De même, nos passions, et notre état psychologique dans son ensemble, s'expliquent aisément par les mouvements qui se font dans notre corps (lire à ce sujet le Traité des passions de René Descartes).

C'est par le mouvement du sang, et par la course d'on ne sait quel fluide qui voyage dans les nerfs et le cerveau, que les mêmes idées nous reviennent, et si vives, dans le silence de la nuit.

L'être humain peut supporter une douleur physique, même atroce, puisqu'il en connaît souvent la cause ou tout de moins il connaît l'objet (son corps). Mais pour les passions, nous croyons que nous n'avons aucun contrôle sur elles : si je suis triste ou si j'hais telle personne, comment en expliquer concrètement la douleur que je ressens?

Cherchez l'épingle!



15 novembre 2005


Selon la tradition, Bucéphale descend des juments de Diomède. Selon Plutarque, un marchand thessalien le montre à Philippe II de Macédoine, mais le cheval se montre si rétif et si indocile que Philippe refuse de l'acheter. Au moment où il ordonne qu'on emporte le cheval, Alexandre exprime ses regrets, et Philippe conclut l'achat, à condition que ce soit Alexandre qui dompte la bête, faute de quoi il devra payer lui-même l'achat — pour la somme considérable de 13 talents, soit 78 000 drachmes. Alexandre remarque que le cheval a peur de son ombre (qu'il est ombrageux) et réussit à le dompter en le plaçant face au soleil. Après cela, Bucéphale n'accepte d'être monté que par Alexandre.

La morale de cette histoire : ne dites pas qu'une personne est, par exemple, colérique ou mesquine. Que son tempérament est génétique, qu'elle retient de son père. Cherchez plutôt l'épingle, c'est-à-dire ce qui explique son comportement.

Qu'est-ce que le nazisme?



29 octobre 2005


Résumé critique : Qu'est-ce que le nazisme? de Ian Kershaw

D'origine britannique et sommité du Troisième Reich mondialement reconnue, c'est cependant en tant que spécialiste du Moyen Âge que Ian Kershaw débute sa carrière d'historien. En 1975, il obtient un poste comme professeur d'histoire contemporaine et délaisse définitivement sa fonction de médiéviste lorsqu'il est invité par Martin Broszat – grand historien allemand de la période nazie – à participer à un projet d'histoire sociale relatif au nazisme. Après avoir publié en 1983 Popular opinions and political dissent in the Third Reich. Bavaria, 1933-1945 et qui amène un regard nouveau sur l'opinion publique durant le régime hitlérien, I. Kershaw termine en 1985 la première édition de l'œuvre retenue pour ce résumé critique, soit Qu'est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d'interprétation.

Le présent travail comporte trois volets : d'abord, les intentions et la thèse de Ian Kershaw sont exposées, lesquelles sont suivies d'un résumé de chacun des chapitres du livre et pour terminer, d'une évaluation de la nouveauté de l'ouvrage et de la cohérence de l'ensemble de l'œuvre.

Dans un premier temps, présentons les grandes lignes des intentions de l'auteur. Comme l'énonce le titre de l'ouvrage, Ian Kershaw s'applique à dégager les problèmes fondamentaux d'interprétation du IIIe Reich, à exposer de façon précise les aspects controversés, à présenter les divergences de point de vue entre les historiens et finalement à évaluer leurs positions. De plus, cet ouvrage ne traite que des thèmes jugés les plus importants par l'auteur et se limitant tous à la période hitlérienne, ce qui fait que, par exemple, l'évaluation d'un Sonderweg allemand (c'est-à-dire la « voie particulière ») ou le lien entre le « grand capital » et le nazisme ne sont abordés que succinctement. En ce qui a trait à l'édition française en particulier, Kershaw espère apporter une contribution à l'historiographie en langue française sur la période nazie puisque le nombre de travaux dans ce domaine n'y abonde pas.

À maintes reprises dans son ouvrage, Ian Kershaw avance des indices qui nous renseignent sur sa thèse, cependant un passage la formule explicitement : « Composantes essentielles d'une explication du IIIe Reich, « intention » et « structure » doivent faire l'objet d'une synthèse, plutôt que d'être mises en opposition. Il semble que les « intentions » de Hitler aient surtout contribué à créer le climat général dans lequel la dynamique du régime pouvait se transformer en une prophétie autoréalisée. » [1] Ce passage est aussi cité dans l'ouvrage L'État hitlérien et la société allemande : 1933-1945 de Norbert Frei qui déclare que de nombreux auteurs, et non les moindres, ont souligné la complémentarité de l'approche « intentionnaliste » et celle « structuraliste ». Qui plus est, Kershaw fait remarquer lors d'un entretien : « En affirmant que je n'ai pas une démarche hitléro-centriste, je n'enlève rien à l'importance du Führer. Mais je pense qu'il fut lui-même emporté par des forces, par ce processus, plus qu'il ne le contrôla. » [2]

Par ses propos, l'auteur laisse sous-entendre qu'il penche davantage du côté « structuraliste » et qu'il rejette de fait toutes les analyses « hitléro-centristes ». Même s'il déclare vouloir établir le pont entre les intentions et les structures et malgré le fait qu'il ne nie pas que l'Holocauste, sans Hitler, ne se serait probablement pas produit, Ian Kershaw est d'avis qu'avec le temps, le IIIe Reich se développa progressivement en un régime « polycratique » où le Führer perdit peu à peu le contrôle.

Il nous apparaît pertinent à présent de résumer chacun des chapitres de l'ouvrage en y relevant l'idée principale. Présenté dès le premier chapitre, l'objectif poursuivi par Ian Kershaw est celui de proposer une explication du nazisme en y dégageant les principaux problèmes d'interprétation qui sont liés entre autres, à la récente historikerstreit (« querelle des historiens »). La dimension historico-philosophique divise désormais les historiens entre partisans d'une interprétation « structuralo-fonctionnaliste » et ceux adoptant l'approche « intentionnaliste ». En ce qui a trait à l'aspect politico-idéologique, il implique les divergences d'explication du nazisme, déterminées notamment par le partage de l'Allemagne en deux zones durant la Guerre froide. Finalement, Kershaw examine la dimension morale, soit la difficulté d'analyser le Troisième Reich sans porter un jugement moral sur la compréhension des événements, particulièrement l'Holocauste. C'est cette dimension qui a suscité les plus vifs débats lors de la historikerstreit.

Doit-on analyser le nazisme comme une spécificité allemande ou bien plutôt comme une faiblesse du système capitaliste existant alors en Allemagne? C'est en quelque sorte l'idée principale du second chapitre. Ian Kershaw présente sommairement les concepts de totalitarisme et de fascisme selon ou non une interprétation marxiste, évalue par la suite le nazisme en fonction de ces concepts ou d'un phénomène unique. L'auteur termine ce chapitre par une conclusion personnelle : le nazisme est un phénomène unique en son genre, mais cette spécificité allemande ne doit pas être uniquement attribuée à la personnalité du Führer.

Ian Kershaw expose au cours du troisième chapitre les diverses interprétations portant sur le lien entre capitalisme et nazisme, c'est-à-dire quelle fut l'influence de l'industrie allemande sur la politique du régime nazi. Selon Kershaw, il faut prendre en considération la nature « polycratique » du régime afin de replacer le « grand capital » dans l'ensemble complexe de la structure du pouvoir du IIIe Reich et de rejeter les analyses accordant soit une importance extrême aux facteurs économiques, soit une primauté excessive du politique sur l'économie.

Dans le chapitre qui suit, Kershaw évalue tour à tour l'interprétation accordant la primauté au « facteur Hitler », à savoir celle privilégiant l'intentionnalité du Führer, de même que celle qui, diamétralement opposée, est qualifiée de « structuraliste », de « fonctionnaliste » ou encore de façon péjorative de « révisionniste ». Pour chacune de ces interprétations, il en analyse l'évolution et expose la prise de position adoptée par les spécialistes de la période. L'auteur conclut finalement qu'Hitler ne fut ni le « maître du IIIe Reich » ni un « dictateur faible » et les intentions de ce dernier, tout comme les structures du régime, ne doivent pas être mises en opposition, mais plutôt utilisées conjointement.

Après avoir analysé le rôle de Hitler vis-à-vis des structures du régime, Kershaw présente dans le cinquième chapitre les interprétations divergentes – liées à l'opposition « intentions» et « structures » – quant au rôle du Führer dans le cheminement qui aboutit à l'Holocauste. Encore une fois, Ian Kershaw adopte une position médiane entre une interprétation « hitlériste » concevant l'extermination des Juifs comme un plan longuement mûri et une interprétation « structuraliste » insistant sur l'improvisation des décisions d'Hitler. Toutefois, sans nier les intentions du Führer, Kershaw est d'avis que ce n'est pas banaliser l'atrocité d'Auschwitz que de vouloir comprendre la façon dont le pouvoir charismatique d'Hitler réussit à radicaliser les structures du régime en y imprégnant sa rage envers les Juifs.

Ian Kershaw poursuit en utilisant le même procédé que dans les chapitres précédents, c'est-à-dire celui d'exposer les interprétations pour ensuite les évaluer. L'auteur en arrive à une conclusion semblable, à savoir que si le rôle d'Hitler fut plus important en politique étrangère qu'en politique intérieure ou encore en politique anti-juive et qu'on peut davantage songer à interpréter un « programme » du Führer, il n'en demeure pas moins qu'une interprétation satisfaisante doit autant considérer les intentions d'Hitler que les facteurs internes et externes du IIIe Reich et ce, même en politique étrangère.

Se détachant du débat structuralisme/intentionnalisme, Ian Kershaw présente dans son septième chapitre trois interprétations différentes de l'évaluation du IIIe Reich. D'abord, les historiens marxistes – pas uniquement, mais dans une forte proportion – refusent l'idée d'une « révolution sociale » qu'aurait engendré l'établissement du IIIe Reich. Des historiens libéraux, comme Ralf Dahrendorf ou David Schoenbaum, soutiennent que les changements sur les structures de l'État furent si profonds que l'idée d'une « révolution sociale » leur paraît pertinente. Quant à la troisième interprétation, elle insiste sur le fait que certains changements furent modernisateurs et d'autres réactionnaires et que, par conséquent, on ne peut qualifier le nazisme de « révolution sociale ». Kershaw rejette lui aussi cette idée de révolution, toutefois il est d'avis que, même s'il fut négatif, le nazisme entraîna plusieurs conséquences sur la société allemande qu'on ne peut cependant qualifier de forces modernisatrices, mais de « progrès » ou de « modernité » dans un sens neutre puisque probablement n'importe quel autre régime aurait produit ces progrès, l'Allemagne étant déjà une société capitaliste très développée.

L'histoire de la résistance au nazisme fut d'abord interprétée différemment en Allemagne de l'Ouest qu'en Allemagne de l'Est. L'auteur évalue diverses interprétations du concept de la résistance à partir de toute réaction quotidienne face au nazisme, la résistance organisée par les élites (approche « fondamentaliste »), celle aussi du citoyen ordinaire (approche « sociétale ») et il termine ce chapitre en se demandant s'il y eut réellement une « résistance sans le peuple » comme l'a énoncé pour la première fois Hans Mommsen. Ian Kershaw répond par l'affirmative, c'est-à-dire que malgré une certaine opposition, le régime hitlérien reçut un soutien populaire plus important en comparaison avec plusieurs régimes autoritaires, ce qu'il explique par l'idée que si on pouvait contester plusieurs choses dans l'Allemagne nazie, on se félicitait aussi des nombreux changements.

Le neuvième chapitre n'apparaît pas dans la première édition de 1985 puisqu'il traite de la « querelle des historiens » de 1986 où l'idée d'une « historicisation » du IIIe Reich est débattue, soit celle de déterminer s'il est possible de traiter la période nazie comme n'importe quelle autre époque de l'histoire. Kershaw est d'avis qu'il faut appliquer des méthodes historiques dites « normales » à l'histoire sociale et politique du IIIe Reich, même si un détachement absolu par rapport à cette période est difficile puisqu'elle appartient encore au passé récent.

Au chapitre suivant, Ian Kershaw présente les essais de révision de la période nazie par trois éminents historiens, soit respectivement Ernst Nolte, Andreas Hillgruber et Michael Stürmer. Nolte tente d'insérer l'Holocauste dans la série de génocides que connut le XXe siècle sans lui accorder une spécificité, Hillgruber s'intéresse à la poursuite du combat sans relâche même lorsque les défaites s'accumulaient et Stürmer étudie la nature de l'identité historique allemande. Selon Kershaw, même si ces théories révisionnistes ne reçurent pas un très grand appui lors de la historikerstreit et qu'il leur reproche de ne pas respecter la spécificité du IIIe Reich, il est légitime que de nouvelles interprétations du passé nazi se développent en autant qu'elles servent à améliorer la connaissance historique de cette période.

À la suite de la réunification de l'Allemagne en 1990, apparut un nouveau courant historiographique, d'où l'intérêt de ce chapitre qui ne faisait pas partie des premières éditions. Kershaw y expose les nouvelles interprétations du nazisme par rapport à l'identité nationale, à la modernisation et au stalinisme. Il termine ce onzième chapitre et, du même coup, cet ouvrage en posant une question qu'il croit fondamentale à toute analyse du IIIe Reich : comment le nazisme et l'Holocauste furent-ils possibles dans une société moderne et industrialisée? Encore de nos jours, c'est la dimension morale qui soulève la plus grande polémique et Ian Kershaw est d'avis qu'il faut laisser de côté l'idée de l'impossibilité d'une compréhension d'Auschwitz et des politiques antihumanistes du Troisième Reich pour aborder cette période en utilisant conjointement les phénomènes de « normalité » et de génocide dans une perspective intégrant autant l'approche « intentionnaliste » que celle « structuraliste ».

Dans la troisième partie du présent travail, les nouveautés de l'ouvrage qui ont suscité notre attention sont évoquées et la cohérence de l'ensemble de l'œuvre est aussi brièvement analysée. En ce qui a trait à la nouveauté de cet ouvrage de Kershaw, c'est avant tout celle de ne pas donner de réponses définitives aux questions fondamentales soulevées, mais plutôt de permettre au lecteur de se forger une opinion informée sur le régime nazi. À chacun des chapitres, l'auteur présente les divers courants historiographiques qui ont façonné la compréhension du IIIe Reich et il expose aussi les divergences d'interprétation entre d'éminents spécialistes de cette période. En outre, Kershaw ne prétend pas répondre à toutes les questions et il souligne que certains aspects mériteraient une meilleure analyse advenant le cas où il décidait de récrire son ouvrage au complet. Un autre point intéressant à relever est son souci de prendre en considération le développement de la recherche historique sur le IIIe Reich lors de la réédition de l'ouvrage. Pour la première édition en langue française, par exemple, il a rédigé à nouveau certains passages du chapitre « Hitler et l'Holocauste » à la suite des suggestions de Philippe Burrin, un auteur d'origine suisse. Finalement, il faut souligner que la manière dont est bâtie la plupart des chapitres en facilite la compréhension.

Ainsi, Kershaw présente souvent en premier les interprétations de divers spécialistes sur le sujet pour ensuite évaluer les questions soulevées. De plus, il rejette rarement une théorie dans son entier et si cela se présente, il explique la raison pour laquelle elle n'est plus valable aujourd'hui, compte tenu du développement historiographique. Comme nous l'avons souligné précédemment, Ian Kershaw adopte une approche médiane et il rejette de ce fait l'idée de prendre totalement position dans le débat structuralisme / intentionnalisme. S'agit-il alors d'un défaut de l'œuvre ou d'un manque de cohérence? C'est l'aspect dont traite le chapitre suivant.

Lors de la première lecture du livre, l'harmonie générale nous semble sans équivoque, c'est-à-dire que le lien entre les diverses idées est mené de façon logique et l'ouvrage est écrit dans un style clair et concis. Selon notre première impression, il est effectivement de propos de lui accorder ces qualificatifs, auxquels il faudrait rajouter notamment un enchaînement cohérent entre les différents chapitres, une explication simple mais précise de certaines subtilités (comme le concept de Resitenz, introduit par Martin Broszat) et le développement cohérent des intentions de l'auteur énoncées en début de livre. Cependant, par suite d'une analyse plus poussée, la position « entre deux eaux » de l'auteur nous cause quelque irritation. À trop vouloir concilier les deux approches, celle « intentionnaliste » et celle « structuraliste », l'œuvre semble perdre un peu de sa cohérence puisque l'on a rarement une réponse précise et définitive de l'auteur aux questions fondamentales présentées. Le reproche que l'on peut porter à cet ouvrage est celui de ne pas toujours s'en tenir à sa thèse principale, celle d'une synthèse des approches, et d'être à l'occasion davantage structuraliste même s'il n'est pas toujours facile de déceler si l'auteur adopte réellement un point de vue précis sur un aspect à l'étude. Il nous apparaît tout de même difficile de reprocher à Ian Kershaw sa position plutôt conciliante ou médiane à partir du moment où notre réflexion sur les divers aspects traités par l'auteur nous porte à croire qu'il s'agit de la meilleure façon d'aborder l'étude du IIIe Reich.

En conclusion de ce résumé critique et après avoir apprécié l'ouvrage selon trois éléments, soit les intentions et la thèse de l'auteur, un abrégé des chapitres et la présentation de ce qui nous semble être la nouveauté du livre et l'évaluation de sa cohérence, il nous est possible d'avancer qu'au delà d'une simple lecture, une analyse plus en profondeur s'impose à ceux qui désirent perfectionner leurs connaissances sur le Troisième Reich. Cet ouvrage répond aux principales questions fondamentales de la période nazie tout en laissant au lecteur le soin de se forger une opinion personnelle puisqu'il dispose d'un vaste éventail d'interprétations divergentes sur le sujet, d'une imposante bibliographie d'ouvrages récents et pour chaque chapitre, d'un renvoi de notes comportant souvent des débats historiographiques. Finalement, une analyse historiographique de cette œuvre de Ian Kershaw mérite d'être rédigée, notamment pour tenter de comprendre les raisons qui ont amené l'éminent historien à adopter cette perspective particulière.

Bibliographie


Frei, Norbert. L'État hitlérien et la société allemande : 1933-1945. Paris, Éditions du Seuil, 1994. 368 pages. (Coll. « XXe siècle »).

Kershaw, Ian. Popular opinions and political dissent in the Third Reich. Bavaria, 1933-1945. Oxford, Clarendon Press, 1983. 425 pages.

Kershaw Ian. Qu'est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d'interprétation. Paris, Gallimard, 1997 [1985]. 536 pages.

Roman, Thomas. « Eurozine – article – Entretien : Ian Kershaw ». http://www.eurozine.com/article/2002-10-24-roman-fr.html. octobre 2002. Consulté le 2 mars 2004.

[1] Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d'interprétation, Paris, Gallimard, 1997 [1985], page. 162.

[2] Thomas Roman, « Eurozine – article – Entretien : Ian Kershaw », http://www.eurozine.com/article/2002-10-24-roman-fr.html octobre 2002, Consulté le 2 mars 2004.