<body><script type="text/javascript"> function setAttributeOnload(object, attribute, val) { if(window.addEventListener) { window.addEventListener('load', function(){ object[attribute] = val; }, false); } else { window.attachEvent('onload', function(){ object[attribute] = val; }); } } </script> <div id="navbar-iframe-container"></div> <script type="text/javascript" src="https://apis.google.com/js/platform.js"></script> <script type="text/javascript"> gapi.load("gapi.iframes:gapi.iframes.style.bubble", function() { if (gapi.iframes && gapi.iframes.getContext) { gapi.iframes.getContext().openChild({ url: 'https://draft.blogger.com/navbar/14186547?origin\x3dhttp://mementoo.blogspot.com', where: document.getElementById("navbar-iframe-container"), id: "navbar-iframe" }); } }); </script>

Réflexion

Retour de la pensée sur elle-même dans le but d'examiner plus en profondeur une idée, une situation ou un problème.

Une bibliothèque



23 novembre 2006


Romans


BARICCO, Alessandro - Soie
BARICCO, Alessandro - Novecento : pianiste

BEAUVOIR, Simone de - Tous les hommes sont mortels

BECKETT, Samuel - Endgame suivi de Act Without Words

BLIXEN, Karen - L'éternelle histoire

BROWN, Dan - Anges et Démons

BURGESS, Anthony - L'orange mécanique

CAMUS, Albert - Caligula suivi de Le malentendu
CAMUS, Albert - L'étranger
CAMUS, Albert - L'exil et le royaume
CAMUS, Albert - La chute
CAMUS, Albert - La peste

COELHO, Paulo - L'Alchimiste
COELHO, Paulo - Véronika décide de mourir

COURTEMANCHE, Gil - Un dimanche à la piscine à Kigali

DOSTOÏEVSKI, Fedor Mikhaïlovitch - Crime et Châtiment
DOSTOÏEVSKI, Fedor Mikhaïlovitch - Les Frères Karamazov

DUGAIN, Marc - La malédiction d'Edgar

GARCIA, Cristina - Les soeurs Agüero
GARCIA, Cristina - Rêver en cubain

GODBOUT, Jacques - Salut Galarneau!

HAFFNER, Sébastien - Histoire d'un Allemand

HÉBERT, Anne - Les chambres de bois

HEMINGWAY, Ernest - For Whom the Bell Tolls

HUXLEY, Aldous - Le meilleur des mondes

JARDIN, Alexandre - Le Petit Sauvage

KAFKA, Franz - La métamorphose suivi de Description d'un combat
KAFKA, Franz - Le château
KAFKA, Franz - Le Procès

KUNDERA, Milan - L'ignorance
KUNDERA, Milan - L'insoutenable légèreté de l'être

LITTELL, Jonathan - Les Bienveillantes

MAUPASSANT, Guy de - 12 contes réalistes

MÉRIMÉE, Prosper - Carmen

ORWELL, George - 1984
ORWELL, George - La ferme des animaux

PEARL, Matthew - Le cercle de Dante

PENNAC, Daniel - Au bonheur des ogres

POULIN, Jacques - Volkswagen blues

PRÉVERT, Jacques - Paroles

ROY, Gabrielle - La Montagne secrète

SARTRE, Jean-Paul - La nausée

SCHMITT, Eric-Emmanuel - L'Évangile selon Pilate
SCHMITT, Eric-Emmanuel - La part de l'autre
SCHMITT, Eric-Emmanuel - La Secte des égoïstes

SKARMETA, Antonio - Une ardente patience

STEINBECK, John - Des souris et des hommes

TASCHEREAU, Ghislain - L'Inspecteur Specteur et la planète Nète

TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 1 : La communauté de l'anneau
TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 2 : Les deux tours
TOLKIEN, John R. Reuel - Le Seigneur des anneaux, tome 3 : Le retour du roi

VARGAFTIG, Bernard - La poésie des romantiques

VIAN, Boris - L'écume des jours
VIAN, Boris - L'arrache-coeur

VOLTAIRE, (François Marie Arouet) - Candide ou l'Optimisme

ZOLA, Émile - Germinal


Ouvrages généraux (histoire et science politique)


AMBROSI, Christian et al. - La France de 1870 à nos jours

BALARD, Michel et al. - Le Moyen Âge en Occident

BÉLANGER, André-J et Vincent Lemieux - Introduction à l'analyse politique

BERNARD, André - La vie politique au Québec et au Canada

CHASSAIGNE, Philippe - Histoire de l'Angleterre

COUTURIER, Jacques Paul - Un passé composé : le Canada de 1850 à nos jours

DICKINSON, John-A et Brian Young - Brève histoire socio-économique du Québec

DUROSELLE, Jean-Baptiste - L'Europe de 1815 à nos jours

GOUGEON, Jacques-Pierre - L'Allemagne dans les relations internationales de 1890 a nos jours

LEBRUN, François - L'Europe et le monde : Du 16e au 18e siècle

PETIT, Paul et André Laronde - Précis d'histoire ancienne

QUERMONNE, Jean-Louis - Les régimes politiques occidentaux

VANDEN, Harry E. et Gary Prevos - Politics of Latin America : The Power Game

VINCENT, Bernard - Histoire des États-Unis

ZINN, Howard - Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 a nos jours


Monographies historiques


BLOCH, Marc - Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien
BLOCH, Marc - L'étrange défaite

DÔLE, Robert - Le cauchemar américain

DOSSE, Francois - L'histoire ou le temps réfléchi

FRIED, Richard M. - Nightmare in Red: The McCarthy Era in Perspective

FUKUYAMA, Francis - La Fin de l'histoire et le dernier homme

HOBSBAWM, Eric John - L'Âge des extrêmes : Histoire du court XXe siècle, 1914-1991

HUSSON, Édouard - Comprendre Hitler et la Shoah : Les Historiens de la République fédérale d'Allemagne et l'identité allemande depuis 1949

KASPI, André - Les Américains, tome 1 : Naissance et essor des États-Unis, 1607-1945
KASPI, André - Les Américains, tome 2 : Les États-Unis de 1945 à nos jours
KASPI, André - Les États-unis d'aujourd'hui : Mal connus, mal aimés, mal compris

KENNEDY, Paul - Naissance et déclin des grandes puissances : Transformations économiques et conflits militaires entre 1500 et 2000

KERSHAW, Ian - Hitler : Essai sur le charisme en politique
KERSHAW, Ian - Hitler, tome 1 : 1889-1936
KERSHAW, Ian - Hitler, tome 2 : 1936-1945
KERSHAW, Ian - Qu'est-ce que le nazisme? Problèmes et perspectives d'interprétation

LEUCHTENBURG, William E. - The Perils of Prosperity, 1914-1932

ROUILLARD, Jacques - Le syndicalisme québecois : Deux siècles d'histoire

SCHRECKER, Ellen - The Age of McCarthyism : A Brief History with Documents

SHEEHAN, Neil - L'Innocence perdue

TOCQUEVILLE, Alexis de - De la Démocratie en Amérique, tome 1
TOCQUEVILLE, Alexis de - De la Démocratie en Amérique, tome 2

TODD, EMMANUEL - Après l'Empire : Essai sur la décomposition du système américain

TOINET, Marie-France - La chasse aux sorcières, le Maccarthysme, 1947-1957



Monographies politiques


ARON, Raymond - Démocratie et totalitarisme

CHOMSKY, Noam - La fabrique de l'Opinion publique - La Politique économique des médias américains
CHOMSKY, Noam - Le nouvel humanisme militaire

CHOSSUDOVSKY, Michel - La mondialisation de la pauvreté

DAVID, Charles-Philippe - Au sein de la Maison-Blanche : La formulation de la politique étrangère des États-Unis

DEBLOCK, Christian, dir. - L’ALENA : Le libre-échange en défaut

GILL, Louis - Le néolibéralisme

HOGAN, Michael J. et Thomas G. Paterson - Explaining the History of American Foreign Relations

KESSELMAN, Mark et al. - European Politics in Transition

PELLETIER, Réjean et al. - Le parlementarisme canadien

WEBER, Max - Le savant et le politique


Essais philo
sophiques


ALAIN, (Émile Chartier) - Propos sur le bonheur

BOISSINOT, Christian et al. - L'Art de vivre. Les stoïciens et Épicure

CAMUS, Albert - L'homme révolté
CAMUS, Albert - Le mythe de Sisyphe

GADAMER, Hans-Georg - Nietzsche : L'Antipode, le drame de Zarathoustra

MACHIAVEL, Nicolas - Le Prince

MORE, Thomas - L'Utopie

NIETZSCHE, Friedrich - Ainsi parlait Zarathoustra
NIETZSCHE, Friedrich - L'Antéchrist suivi de Ecce Homo

PASCAL, Blaise - Pensées


Autres (dont autobiographies)


DALLAIRE, Roméo - J'ai serré la main du diable : La faillite de l'humanité au Rwanda

DALLAIRE, Yvon - Homme et fier de l'être

GLADWELL, Malcolm - Blink : The Power of Thinking Without Thinking

LESTER, Normand - Le Livre Noir du Canada Anglais, Tome 1

LEVI, Primo - Si c'est un homme

THOREAU, Henry David - Désobéir

Entre déterminisme et libre arbitre



22 novembre 2006


Lorsque je fais bouillir du lait, il déborde. Je n’ai pas eu à faire l’expérience pour m’en assurer, mes nombreux talents culinaires me l’ont démontré maintes fois. Si vous en avez envie, vous pouvez recommencer plusieurs fois cette expérience pour vous rendre compte que vous obtiendrez toujours la même conséquence. C’est le principe de causalité : tout phénomène a une cause et si les mêmes conditions sont respectées, le même effet se reproduira. Le lait n’a pas de libre arbitre, il ne peut pas se déterminer librement. Qu’en est-il alors des êtres humains?

La philosophie marxiste et hégélienne présentent les actions humaines comme « déterminer » par des conditions hors de leur contrôle : « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de leur propre mouvement, ni dans des conditions choisies par eux seuls, mais bien dans les conditions qu'ils trouvent directement et qui leur sont données et transmises. » Certes, nous en conviendrons que nous n’agissons pas toujours de notre plein gré : que ce soit par pression sociale, lois, conditionnement, etc. Par contre, cette philosophie est inacceptable, car son explication des actions humaines en termes de causalité implique que les hommes ne jouissent pas de leur libre arbitre; il n’existe pas de « séquence inévitable » dans l’histoire.

Mais laissons les théories et rentrons dans le concret. Dans la vie de tous les jours, est-ce que nos actions sont davantage conditionnées (ou déterminées) ou empreints de libre arbitre ? Tous les actes humains sont à la fois libres et déterminés selon le point de vue sous lequel on les envisage. Pour ma part, j’utilise mon libre arbitre le plus souvent possible. Certaines personnes de mon entourage me disent que j’agis de cette façon dans le but d’être à contre-courant, différent ou « rebelle ». Ils ont tort. J’utilise mon libre arbitre enfin d’avoir une pensé et un mode vie conforme à mes valeurs.

Je fais telle action pas parce qu’il FAUT le faire, mais parce que je VEUX le faire. La différence tient entre le falloir et le vouloir. Le libre arbitre décrit la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement.

**** En ébauche

Sagesse



20 novembre 2006


« Ni aimer, ni haïr, c'est la moitié de la sagesse humaine : ne rien dire et ne rien croire l'autre moitié. Mais avec quel plaisir on tourne le dos à un monde qui exige une pareille sagesse. »

Arthur Schopenhauer

Le régime totalitaire



19 novembre 2006


Les premiers philosophes politiques comme Montesquieu et Aristote ont assimilé le terme totalitarisme soit avec celui de despotisme ou avec celui de tyrannie. Aujourd’hui, le terme totalitarisme englobe autant le régime communiste de Staline, le régime fasciste de Mussolini et le régime nazi de Hitler, toutefois ils ont certains traits spécifiques qui les distinguent entre eux. Le totalitarisme est l’idéologie utilisée par les régimes politiques non démocratiques dans lesquels tous les pouvoirs appartiennent à un nombre restreint de dirigeants et qui ne tolèrent aucune opposition; l’état et la société sont considérés comme un tout indissociable. Le gouvernement a donc toute légitimité pour faire tout ce qui concerne les relations sociales, c’est-à-dire, en pratique, contrôler la vie des individus en ne leur laissant aucune liberté individuelle et surtout aucune liberté d’expression, ni par conséquent de pensée.

Pour la philosophe Hannah Arendt, ce type d’idéologie prône une rénovation totale des institutions de la société – refaçonner la société –. Le totalitarisme cherche par conséquent à reconstruire la société et l’individu, en créant les conditions idéales d’une utopie (vision d’un monde nouveau – Reich de 1000 ans –). Les sociétés totalitaires se distinguent par la promesse d’un « paradis », la fin de l’histoire ou la pureté de la race par exemple, et fédèrent la masse contre un ennemi objectif.

Ces régimes apparaissent munis d’un « parti unique » et de ce fait il n’y a pas de pluralisme politique, la dissidence n’étant pas tolérée. Ils créent souvent un Parti de masse, qui s’installe en parallèle de l’État, pour mobiliser les gens afin qu’ils adhèrent aux objectifs du régime. Le totalitarisme tel qu’il est décrit par Hannah Arendt n’est pas tant un régime politique qu’une dynamique autodestructive reposant sur une dissolution des structures sociales. Les fondements des structures sociales ont été volontairement sabotés ou détruits : les camps pour la jeunesse ont par exemple contribué à saboter l’institution familiale en instillant la peur de la délation à l’intérieur même des foyers; la religion est interdite et remplacée par de nouveaux mythes inventés de toutes pièces ou recomposés à partir de mythes plus anciens, la culture est également une cible privilégiée.

Dans tout régime totalitaire, on retrouve aussi un leader tout puissant, traduisant la plupart du temps le concept de « l’autorité charismatique », développé par le célèbre sociologue Max Weber. La création du « Mythe du Führer », en Allemagne, serait à l’origine du ralliement au régime nazi de la grande masse du peuple allemand. Il n’y a pas nécessairement de centralisation du pouvoir, L’État allemand, par exemple, se désintègre progressivement au profit d’une hiérarchie pyramidale dans laquelle les individus, aux compétences mal définies, n’ont à répondre de leurs actes qu’à leur supérieur immédiat. C’est l’aspect polycratique du fonctionnement du régime qui est fondamental, chaque centre de décision prenant en ordre dispersé des décisions en fonction d’une conjoncture accidentelle.

Autres caractéristiques des régimes totalitaires, la gouverne de la société par le « parti unique » se déroule sous des règles pseudo-démocratiques; les élections sont maintenues pour préserver l’aspect démocratique du régime. Aussi, par la propagande on prétend que le parti incarne la volonté du peuple. Maître d’un des plus importants État dans l’État, Joseph Goebbels utilise de brillantes tactiques pour convaincre la population allemande que la vie est meilleure à présent, sous le IIIe Reich. Le moyen de prédilection demeure cependant les manifestations de masse, telle la Force par la Joie (K.D.F) qui veut créer un ordre social en favorisant l’épanouissement de la population dans les loisirs.

Le monopole de la circulation des idées, par le contrôle des communications, sert à mobiliser la population et à assurer la stabilité du système – des écoles pour enseigner l’idéologie du Parti sont aussi créés –. On censure les Arts, la musique ou les sciences selon les besoins du moment; en Allemagne durant le IIIe Reich on refuse la théorie de la relativité de Einstein parce qu’il est Juif.

Le régime totalitaire utilise la terreur : c’est-à-dire qu’il est appuyé par une police politique (Gestapo, KGB) qui infiltre la plupart des organisations pour s’assurer de la loyauté de tous et chacun et de réprimer la dissidence. Les polices et les unités spéciales se multiplient et se concurrencent dans la plus grande confusion. Des purges régulières ordonnées par le chef de l’État, seul point fixe, donnent le tempo d’une société qui élimine par millions sa propre population, se nourrissant en quelque sorte de sa propre chair. Ce programme est appliqué jusqu’à l’absurde, les trains de déportés vers les camps de l’Allemagne Nazie restèrent toujours prioritaires sur les trains de ravitaillement du front alors même que l’armée allemande perdait la guerre.

Le droit est subordonné à la raison d’état, ce qui signifie qu’il n’est plus une façon de limiter le pouvoir de l’État comme c’est le cas dans les démocraties libérales, il sert plutôt à aider les décisions arbitraires des dirigeants. La dévotion au chef et à la nation devient le seul moyen d’exister. Hannah Arendt cite ainsi un rapport russe indiquant qu’au début du stalinisme, quatre soldats étaient nécessaires pour s’assurer d’un prisonnier alors qu’à la fin, un seul soldat pouvait mener vingt prisonniers vers la mort.

L’État totalitaire aspire finalement à contrôler l’économie et à superviser l’entreprise privée pour que l’économie privée soit au service du grand dessin du régime. Ce type d’économie planifiée désire associer la classe ouvrière au régime pour que celle-ci collabore avec l’État.

Pour plus d'information : Hannah Arendt : Les Origines du totalitarisme, Le système totalitaire

Étude de cas : la démocratie en Amérique latine



18 novembre 2006


La démocratie demeure un concept polémique en politique comparée. La tendance prédominante conceptualise la démocratie dans son sens étroit (minimaliste), tel que définie par Lipset, Schumpeter & Huntington.

Deux principales tendances peuvent s’observer. plusieurs auteurs adhèrent à une conception étroite de la démocratie, alors que d’autres défendent une définition beaucoup plus large. Les définitions minimalistes de la démocratie sont souvent associées à Schumpeter (1942), et les définitions maximalistes à MacPherson. Les premières conçoivent la démocratie comme un ensemble de procédures qui permet aux individus d’exercer leur pouvoir dans le processus de prise de décision politique à travers la tenure d’élections ouvertes, libres, justes, et régulières : les leaders sont choisis par voie de suffrage universel. Cette approche met surtout l’accent sur les procédures : les minimalistes considèrent que la tenure d’élections est l’indicateur principal de la démocratie.

D’un autre côté, les définitions maximalistes de la démocratie tiennent comptent de la qualité de la démocratie, notamment en ce qui concerne l’injustice sociale, la participation de la société civile, et l’efficacité relative de la règle de droit. Pour les maximalistes, la démocratie implique un haut niveau d’imputabilité de l’État, ainsi que l’existence de droits sociaux de la citoyenneté. L’approche maximaliste élargit le champ conceptuel de la démocratie en introduisant des considérations d’ordre économique (Yashar), social (Papillon et Turgeon), et, plus récemment, légal (O’Donnell).

D’un point de vue philosophique, les définitions maximalistes présentent un avantage en ce qu’elles tiennent compte de la qualité de la citoyenneté. Cette approche permet de conceptualiser la démocratie par delà ses dimensions procédurales : la démocratie doit correspondre (en pratique) à un ensemble de droits politiques, civiques, et sociaux.

À quoi sert la démocratie si elle existe sur papier mais ne fournit pas un contexte minimal d’égalité des opportunités ou des conditions?

Peut-on même parler de démocratie en l’absence d’un État de droit et de droits socio-économiques?

C’est précisément ici que les définitions maximalistes posent un problème : elles proposent une conceptualisation idéalisée de la démocratie qui en général ne correspond pas à la réalité empirique. Si la démocratie est définie en fonction du niveau de justice sociale atteint, alors elle n’existe en réalité que dans de rares pays, voire exclusivement dans les pays scandinaves.

Autrement dit, les approches maximalistes revêtent un biais normatif : elles sont plus utiles pour comprendre ce que la démocratie devrait être que ce qu’elle est vraiment. D’un point de vue empirique, les définitions minimalistes sont donc plus utiles parce qu’elles sont plus facilement opérationnalisables que les définitions maximalistes.

L’approche minimaliste permet d’identifier des indicateurs concrets pour mesurer la démocratie dans la réalité observable. Pour répondre aux critères minimalistes, la démocratie doit être caractérisée par la tenure d’élections (libres, justes, ouvertes, régulières, et au suffrage universel) et l’existence (sur papier) de droits politiques et civiques. Ainsi, cette approche correspond mieux à la réalité empirique et permet d’identifier plusieurs régimes démocratiques à travers le temps et l’espace.

Une fois que cette base démocratique commune est identifiée, elle peut servir de démocratique à différents endroits et à différents moments de l’histoire. Toutefois, il semble que lorsqu’on la confronte à la réalité, la définition schumpétérienne qualifie de démocratiques des régimes qui ne le sont pas réellement sur le long terme. En fait, la définition, en se fondant uniquement sur la tenue d’élections, sous-tend que celles-ci sont tenues régulièrement selon les termes constitutionnels définis et universellement acceptés. Mais l’expérience connue, par exemple en Amérique latine, montre que les élections n’ont pas nécessairement été décisives pour l’établissement de régimes démocratiques.

Le cas du Mexique est à cet égard particulièrement intéressant. En effet, la légitimité du Partido revolucionario institucional (PRI), parti hégémonique au pouvoir entre 1929 et 2000, étaient justement fondée sur une apparence de démocratie incarnée par la tenue d’élections régulières. Toutefois, un regard un peu plus attentif sur ces élections nous indique qu’il n’y avait vraisemblablement pas de réelle possibilité pour les opposants au PRI d’être élus au gouvernement, rendant du fait caduques les élections tenues.

La démocratie est-elle vraiment « démocratique » sans un certain niveau d’imputabilité de l’État et de participation civile?

Que dire des régimes où les leaders politiques sont choisis par voie de suffrage universel à travers des élections ouvertes, libres, justes, et régulières, mais qui une fois au pouvoir gouvernent avec des pratiques arbitraires à tendances autoritaires en toute impunité (par exemple la pratique du decretismo)?

C’est ce que O’Donnell appelle les « zones brunes » de la démocratie et c’est là que se situe la faiblesse principale de l’approche minimaliste. L’approche minimaliste, parce qu’elle est ancrée dans une perspective statique, ne parvient pas à saisir les nuances entre la théorie et l’exercice de la démocratie.

Les adeptes de cette approche, trop orientés sur le facteur des élections, ont tendance à identifier des régimes démocratiques dans des endroits et à des périodes où la démocratie n’existe que sur papier. Ironiquement, les approches minimalistes ne correspondent pas elles non plus tout à fait à la réalité empirique : elles sont plus utiles pour comprendre ce que la démocratie signifie sur papier qu’en pratique.

En somme, les définitions minimalistes et maximalistes de la démocratie demeurent insatisfaisantes tant d’un point de vue théorique qu’empirique. Il s’agit donc de trouver une position mitoyenne entre ces deux grandes approches, plus satisfaisante aux niveaux théorique et empirique.

La définition la plus complète et utile de la démocratie est celle de Dahl : c’est le concept de polyarchie. Cette def est utile parce qu’elle peut être operationnalisée, c’est a dire qu’on peut identifier des indicateurs pour mesurer si un régime répond ou non aux critères d’une democ. Selon Dahl, la polyarchie est un système politique où les individus peuvent :

  1. Formuler leurs préférences
  2. Les signifier à travers l’action collective ou individuelle, et
  3. Où toutes les préférences sont considérées au même pied d’égalité.

Ces trois opportunités se traduisent par sept garanties institutionnelles qui sont :

  1. Des fonctionnaires élus
  2. Des élections libres et équitables
  3. Un suffrage inclusif
  4. Le droit de se présenter aux élections
  5. La liberté d’expression
  6. Une information alternative
  7. Une autonomie associative

Pour compléter la def de dahl, O’Donnell a proposé d’y ajouter trois garanties institutionnelles :

  1. Les élus ne doivent pas être démis de leurs fonctions avant la fin du mandat qui leur est accordé en vertu de la constitution
  2. Il y a indépendance des élus par rapport à d’autres acteurs
  3. La définition incontestée des délimitations territoriales du droit de vote

Schmitter & Karl proposent une définition qui capte bien l’essence des critères énoncés ci-haut.

La démocratie est un système de gouvernance dans lequel les dirigeants sont responsables (imputables) pour leurs actions dans la sphère publique auprès des citoyens, qui agissent indirectement à travers la compétition et la coopération de leurs représentants élus (avec des élections libres, justes, et régulières).

Cette définition est la plus appropriée pour l’étude des démocraties, puisqu’elle est réaliste sans être trop minimaliste, et qu’elle permet de mesurer la participation, la compétition et l’effectivité du pouvoir. Cette définition permet de parler de démocratie en Amérique latinel y compris les zones brunes (O’Donnell) sans renoncer à la démocratie. Les zones brunes sont les pratiques autoritaires, par exemple règne par décret- (décrétismo).

Dans ces « zones brunes », des pouvoirs qui ne reconnaissent ni les citoyens ni l’imputabilité sont créés, et ces pouvoirs se reproduisent d’eux-mêmes à travers des procédures qui nient ces deux composantes de la démocratie. Chavez est excellent un exemple d’une zone brune de la démocratie. Élu démocratiquement mais passe des réformes (nationalisation du pétrole) qu’il décrète sans passer par l’appareil politique démocratique (l’assemblée nationale)

Plusieurs auteurs sur l’Amérique latine (Oxhorn, Holston & Caldeira, O’Donnell, Mendez & Pinheiro) qui s’intéressent à la consolidation des démocraties, à la qualité de la démocratie, s’entendent pour dire que le processus de démocratisation en Amérique latine est incomplet : pas de droits sociaux, mais surtout pas de démocratisation de l’état de droit.

Holston & Caldeira parlent de « disjunctive democracy » en référence à la faiblesse de la citoyenneté civile au Brésil.

Oxhorn parle de « Limited Citizenship », et fait remarquer que ce ne sont pas seulement les droits sociaux qui sont précaires, mais aussi les droits civiques et la citoyenneté civile. Paradoxe des droits en Amérique latine depuis la transition à la démocratie : plus de droits politiques, mais pas les pleins droits civiques et moins de droits sociaux.

Les droits civiques impliquent le droit au bon et juste fonctionnement de la règle de droit basée sur l’égalité de tous devant la loi. Le citoyen a le droit de ne pas être discriminé en fonction de critères arbitraires tels que sa race, son ethnicité, son sexe, sa classe sociale, sa religion, ou ses orientations sexuelles.

Les droits de la citoyenneté sont ancrés dans la règle de droit démocratique et sont dérivés des principes d’impartialité, d’accessibilité, d’universalité, et de légalité. Dans un régime politique ou la règle de droit est forte et démocratique, les droits politiques, civiques, et sociaux de la citoyenneté sont pleinement octroyés à tous les segments de la société et les institutions légales garantissent que « personne n’est au-dessus de la loi et que personne ne devrait être condamné ou sanctionné légalement à l’extérieur des procédures légales ».

Concrètement, cela veut dire qu’en pratique et en théorie tous les citoyens sont égaux devant la loi, et ceux qui opèrent a l’extérieur des canaux légaux seront sanctionnés. Règle de droit démocratique définie par Holston & Caldeira en fonction de 4 critères :

  1. Universalité
  2. Accès
  3. Légalité
  4. Impartialité (« fairness »)

Mais ceci n’est malheureusement pas le cas en Amérique latine aujourd’hui.

Pour plus d'information : Politics of Latin America : The Power Game

La doctrine nucléaire sous Reagan



17 novembre 2006


Le sous-secrétaire adjoint aux affaires nucléaires, T.K. Jones, a affirmé en 1981 :

« Les États-Unis pourraient se remettre d’une guerre nucléaire totale avec l’URSS en 2 ou 3 ans… La guerre nucléaire n’est pas aussi dévastatrice qu’on nous l’a fait croire. En fait, s’il y a assez de pelles, tout le monde s’en sortira. Il suffit de creuser un trou dans le sol, de le recouvrir d’une porte et de mettre deux ou trois pieds de terre par dessus. C’est là la clé du succès. »





Lorsqu’on lui a posé la question, le directeur de l’Arms Control Agency, Eugene Rostow a dit en 1981:

« La race humaine est très résistante. Certains prévoient qu’une guerre nucléaire limitée causerait la mort de 10 millions de personnes d’un côté et de 100 millions de l’autre. Mais ce n’est pas là la totalité de la population. »

« Le public pense que la guerre nucléaire signifierait la fin du monde alors qu’en fait, il n’y aurait que 500 millions de morts. »
Un capitaine de la marine américaine en 1982






Un des principaux conseillers du président Reagan en ce qui concerne l’URSS, Richard Pipes (professeur à Harvard) a affirmé, quant à lui en 1981:

« Il n’y a pas d’alternative à la guerre avec l’URSS si les Russes n'abandonnent pas le communisme. »

« En ce moment, la probabilité d’une guerre nucléaire avec l’URSS est de 40 % et notre stratégie est de gagner une telle guerre. »

The Manchurian Candidate (1962)



16 novembre 2006


Coates, Ivan. « Enforcing the Cold War Consensus : McCarthyism, Liberalism, and The Manchurian Candidate ». Australasian Journal of American Studies, 12 (July 1993)


En analysant le film The Manchurian Candidate – une histoire fictive portant sur la capture d'un soldat américain et son lavage de cerveau pratiqué par des communistes –, Ivan Coates estime que cette œuvre cinématographique n'atteint pas son objectif initial, celui de réprouver le maccarthysme, dans la mesure où elle représente davantage le consensus de la guerre froide et évite de critiquer en profondeur la société américaine. Si ce film réalisé en 1962 par John Frankenheimer, prétend être une critique de ceux qui tentent de contrôler la vie de leurs semblables, à l'exemple de McCarthy, il met pourtant en scène ce qu'il est censé condamner en construisant une structure antithétique qui vient contrôler l'opinion de l'auditoire, au lieu de laisser place au libre arbitre de chacun. En effet, relève Coates, The Manchurian Candidate présente une vision dichotomique, voire manichéenne, du monde, à savoir États-Unis/Union soviétique, Américain/un-American, chrétien/athée, pur/impur, altruisme/intérêts personnels, bon/mauvais, et caetera.

En dépit de sa condamnation implicite de la paranoïa qu'ont engendrée le maccarthysme et sa rhétorique simplificatrice, ce film utilise des outils semblables à ceux employés par McCarthy :
« it suggests that communists are everywhere, can go anywhere, be anyone, infiltrate to the highest levels, manipulate the press and inflict terrible damage upon the United States. »

De plus et selon Coates, si cette œuvre cinématographique incite l'auditoire à ne pas se fier aux apparences qui s'avèrent trompeuses, elle ne scrute pourtant pas en profondeur la société américaine et fait appel aussi à plusieurs stéréotypes : d'un côté, elle valorise les qualités inhérentes à un « vrai Américain » tandis que de l'autre, elle expose le prétendu aspect inhumain d'un communiste. Le film de Frankenheimer est donc moins une attaque contre le maccarthysme qu'une démonstration du consensus de la guerre froide; soulignons que la meilleure représentation du maccarthysme se situe dans la séquence du film où Thomas Jordan observe que madame Iselin impute le qualificatif de communiste à toute personne qui est en désaccord avec ce qu'elle conçoit.

L'auteur stipule que plusieurs stéréotypes sont représentés dans le film : d'abord, le bien-fondé des attaques américaines contre la subversion communiste est démontré en raison de ces scientifiques communistes qui programment le cerveau d'un soldat américain pour qu'il assassine le président des États-Unis; de plus, le communisme est perçu comme un bloc monolithique et finalement, les communistes américains semblent obéir au doigt et à l'œil aux ordres émanant de l'URSS. En outre, le communiste est montré comme un être froid et amoral, hypocrite et sans âme tandis que le « vrai Américain » est une personne sincère et franche, fidèle, remplie d'amour et de respect envers autrui. Cette vision de la vraie nature américaine évoque celle qu'adoptait l'administration Kennedy :
« an egalitarian and unified America, in which all will voluntarily make sacrifice and work together for a better world, leader and led alike. »

Paradoxalement, Frankenheimer critique l'obéissance sans borne à son supérieur dans le monde communiste, mais l'approuve au sein de la société américaine :
« when his colonel makes it clear that it is an official order, he acquiesces totally, then salutes his superior officer unsolicitedly, patriotically and respectfully. »

En dernier lieu, compte tenu que ce film est réalisé dans le cadre de la « bonne » façon de penser de l'époque (pattern beliefs), l'auteur en conclut que
« it fails to question it own premises and therefore erodes its own thesis at various point […] [and] despite the film's urging of its viewers to look below the surface, it does not scrutinise itself or the United States very thoroughly. »