Le 11 septembre des autres
Je ne sais pas pour vous, mais déjà l'année passée je commençais à en avoir "ras le bol" des commémorations du 11 septembre. La première année c'était compréhensible. Cette année j'en ai carrément ma claque ! Comprenez-moi bien, je ne suis pas de ceux qui croient que les États-Unis méritaient de se faire attaquer. L'attentat commis par Al-Qaeda est répréhensible et l'acte terroriste, à mes yeux, ne se justifie d'aucune façon (à ce sujet, voir l'article que j'ai publié sur Le terrorisme).
Ce que je déplore, cependant, c'est que la commémoration d'un événement soit un geste subjectif. On rappelle souvent l'horreur de l'Holocauste nazi, comme cette année, et on oublie de souligner les atrocités commises par Pol Pot et les Khmers rouges ou le génocide rwandais. Si je vous dis 11 septembre, vous pensez aux attentats de New York. C'est aussi un 11 septembre (1973) que le gouvernement du Chili est renversé par un coup d'État militaire, le président Salvador Allende est assassiné et le général Pinochet prend le pouvoir avec l'aide de la CIA. Le 11 septembre marque aussi la fin des jeux Olympiques de Munich (1972), tristement célèbre du fait que onze membres de l'équipe olympique israélienne sont tués lors d'une prise d'otage par un commando palestinien.
Le 26 avril 1986, l'un des réacteurs de la centrale nucléaire d'une ville d'Ukraine explosait, relâchant en conséquence une quantité de radiation plusieurs fois supérieure aux bombes nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki. Dix-neuf ans après cet accident considéré comme le plus grand désastre technologique du XXe siècle, la cause exacte de la défaillance du système nous est toujours inconnue.
En 2006, l'année du vingtième "anniversaire" de la catastrophe de Tchernobyl parlerons-nous davantage du danger de l'énergie nucléaire, du réchauffement de la planète, bref des problèmes environnementaux du XXIe siècle ou du cinquième anniversaire des attentats d'Al-Qaeda sur le World Trade Center ?
Soixante ans après l'ouverture de la première Assemblée générale de l'ONU à Londres, est-ce que les médias souligneront, en 2006, l'importance d'une coopération multilatérale entre les pays ou bien que Ben Laden est toujours introuvable ?
Je vous laisse deviner !